David Chiang (ici crédité sous le nom de John Chiang) fut l’une des figures emblématiques du cinéma hongkongais durant les années 70 grâce à ces nombreuses prestations au sein du studio Shaw Brothers. Chose commune à Hong Kong, il passa à la réalisation (une quinzaine de films) avec une prédilection pour la comédie durant les années 80. A première vue, My Dear Son qui vient clôturer cette décennie aurait pu passer par une comédie quelconque noyer dans la masse de comédies hongkongaises de cette période. Rien que la présence de Bill Tung tenant le haut de l’affiche pourrait présager d’une bonne vieille comédie familiale. Mais il n’en est rien. Même si My Dear Son a bel et bien ses moments légers, il vire assez vite vers le drame en mélangeant habilement tous les genres qui sont chers au cinéma de Hong Kong jusqu’à aller vers un final assez sombre. On passe ici par toutes sortes de situations et d’émotions: piété filiale, romance, amitié, business, trafic, gunfights, combats à la machette… My Dear Son oscille magnifiquement entre tous ces genres pour notre plus grand plaisir!

Pour que cette mayonnaise prenne bien, les acteurs répondent tous présents et excellent chacun dans leurs rôles respectifs. A commencer par Bill Tung qui joue ici le père-courage, papa poule qui doit s’occuper seul de ses trois enfants après le décès de sa femme. Il gagne modestement sa vie en tant que chanteur de rue à chansons paillardes. Il démontre ici toute l’étendue de son talent et se montre drôle et touchant à la fois. Il est parfaitement accompagné par Jacky Cheung qui joue le rôle de son fils. L’acteur délivre une prestation très intéressante en jouant sur plusieurs registres. Tout d’abord de façon sobre en jouant le jeune homme timide et intelligent qui sort de la pauvreté en trouvant du travail dans le quartier des affaires de Central. Il a un peu honte du milieu d’où il vient. Un milieu, son quartier, avec ses côtés sombres, qui le happe irrémédiablement. Il sait également muscler son jeu en pétant méchamment les plombs arme à la main lorsqu’il retrouve ses mauvaises fréquentations après avoir perdu son travail ou lorsque l’on s’attaque à ses amis. Quant aux acteurs de seconds plans, ils sont tous excellents, à commencer par Maggie Cheung et Lau Ching Wan respectivement dans les rôles d’une hôtesse de bar alcoolique et d’un jeune caïd de quartier, tous deux amis d’enfance de Jacky Cheung. Côté crapules, Paul Chun (le frère de David Chiang dans la vie) en riche homme d’affaires méprisant et Ricky Yi en chef de triades dénué de sentiments viennent compléter le casting.

Pour résumer, c’est pour des films comme ça que l’on aime le cinéma de Hong Kong ! My Dear Son est un gros condensé de ce qui peut se faire de mieux dans le cinéma HK. Il est à la fois simple, riche et divertissant. David Chiang n’a pas pris de gros risques et n’est pas forcément très original dans son récit. On pourrait même reprocher au film de tomber trop brutalement dans une violence qui tranche radicalement avec le début de l’histoire, mais malgré tout l’ensemble est solidement réalisé avec une touche fort sympathique d’action pour agrémenter le tout, dirigé par le chorégraphe Yuen Bun. Fortement recommandé pour s’initier à l’âge d’or du cinéma de l’ex-colonnie britannique.
Supavince
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le 17 janv. 2013

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