Un film nécessaire mais pas dénué de défauts

Commençons par le début: une note de 9 peut paraître (pour certain.es.s) éxagérée, mais SC a une réputation d'être dur avec les oeuvres, et là 6.9 je trouve ca clairement abusif, même si clairement le film possède des grosses lacunes. On a là une oeuvre qui aurait mérité au moins une nomination aux Oscars et qui probablement fait partie de ces films snobbés par l'Academy pour des raisons... douteuses, au minimum (il est toujours difficile de parler de discrimination raciste lorsqu'on est blanc).

Alors oui, SOC a des limites, et la première pour moi c'est l'aspect propret et net du tout. Dr Dre est présenté comme un type équilibré et normal quand il a plusieurs fois frappé et violenté ses compagnes et a été condamné pour çà. Ice Cube s'est pareillement fait attaqué en justice plusieurs fois pour son anti-sémitisme latent dans certaines lines dirigées contre J.Heller. Ren & Yella sont complètement mis de côté et après ces 2h45 j'ai plus l'impression d'avoir vu un biopic sur la relation Dre/Cube/E que sur le groupe N.W.A.. Il est d'autant plus intéressant que "l'oubli" de l'aspect violent & mysogines de ces 2 premiers est mis encore plus en évidence dans le réalisme du portrait dressé de Suge Knight (réellement un gangster à la tête d'un label). On a clairement ici à faire à Dr Dre & Ice Cube produisant un documentaire en leur faveur sur le groupe qui les a porté aux sommets de la gloire et de l'histoire hip-hop. Et franchement, lorsque l'on sait à quel point ces artistes ont été musicalement importants, c'est presque de bonne guerre.

Car oui, contrairement à ce que beaucoup semblent penser, N.W.A. est une pierre angulaire de la musique & culture moderne. On ne compte plus les lines (en rap Fr comme Us) en référence à SOC, les clins d'oeil dans la réalisation des clips, la violence et l'aspect cru des lyrics. NWA est arrivé à un moment où les charts étaient dominés (comme dit dans une autre critique) par la pop & le rock gentillet et SOC a fait l'effet d'une bombe en arrivant, ouvrant la porte pour ce qui allait devenir le rap hardcore. J'ai effectivement aussi tiqué sur la présence de blanc.hes.s dès les premiers concerts dans le film, le public mainstream blanc ayant attendu l'arrivée d'Eminem presque 10 ans plus tard pour réellement s'intéresser au rap. En-dehors de ces quelques points, j'ai été totalement bluffé: les acteurs sont formidables (un grand bravo à Corey Hawkins (Dre), O'Shea Jackson Jr (Cube) et Jason Mitchell (Eazy)) et le film parvient à nous faire ressentir leurs émotions au plus profond de nous; les plus sombres (j'étais en larme lors de la scène où Dre recoit un appel concernant son frère) comme les plus joyeuses (comme cette scène de l'écoute de Boyz N Tha Hood en studio). La musique est parfaite (encore heureux), les séquences d'enregistrement sont très proprement filmées, le personnage de Heller est tel que je m'imaginais le personnage... Je pourrais continuer des heures durant sur pourquoi pour moi ce film aurait mérité sa nomination. Certains plans sont vraiment magnifiques et le film (bien que bancal sur ce point) parvient à transmettre, comme le disque, "the strenghth of street knowledge". Au final, on ne se retrouve pas avec le meilleur biopic sur NWA, mais au vu du succès de Dre et Cube au fil des ans et les monuments qu'ils sont devenus aujourd'hui on comprend qu'ils aient décidé d'orienter leur films sur leurs carrières et leur importance au sein d'un des groupes les plus influents et doués de toute la côte Ouest.