Nana est sans aucun doute le film le plus connu de la période muette de Jean Renoir. Le réalisateur trouve dans le roman d’Emile Zola Nana un vecteur pour mettre en valeur Catherine Hessling, son épouse de l'époque. Désireux de se démarquer du cinéma français de son temps, Jean Renoir délivre une grosse production ambitieuse fortement inspirée du cinéma expressionisme allemand, ce qui lui vaudra bon nombre de critiques de la part de ses contemporains. Mais s’il est loin de Zola par la forme, il est tout près de Zola par l’esprit, notamment par le jeu d'acteur provoquant et subversif de Catherine Hessling qui profère à son film un aspect quasi envoûtant. Nana forme cependant un ensemble très hétérogène qui souffre de quelques longueurs regrettables. De mon point de vue, la maîtrise cinématographique de Jean Renoir pour ce film est très en deçà de celle dont il a fait preuve pour La Fille de l'eau, sortie une année auparavant. Par ailleurs, le film fut un échec public et financier qui obligea Jean Renoir à vendre les tableaux de son père. Cet échec fut néanmoins formateur pour la suite de la carrière de Jean Renoir. Évoquant ce dernier plusieurs décennies plus tard, Jean Renoir dira: « Après Nana, comme je n’avais plus d’argent, j’ai dû travailler pour les autres et, en travaillant pour les autres, j’ai dû apprendre la discipline cinématographique. C’est toujours bon de ne pas pouvoir faire tout ce que l’on veut. »