J'ai un cheval, un fusil et dix dollars

J'ai eu la chance de voir ce western au cinéma sur grand écran quand j'avais une quinzaine d'années. A l'époque, j'avais été scotché par cette histoire de vengeance et ce "road movie" initiatique.
Et encore aujourd'hui, avec le DVD, la magie opère toujours. Steve McQueen en ange (blond) exterminateur…

Bien sûr, des esprits chagrins vont vous dire que Steve McQueen, à plus de trente ans, a un peu de mal à passer pour un jeunot , métis par sa mère indienne Kiowa, analphabète, ne sachant rien de la vie et ne sachant pas tirer au révolver.
Mais, je ne sais pas vraiment pourquoi, j'arrive parfaitement à passer outre ce "petit" détail. Peut-être, la grande détermination du personnage, peut-être aussi que l'âge du héros vivant complètement en autarcie avec ses parents, au fin fond d'une campagne isolée ...
Et puis, surtout, rien ne précise le laps de temps entre le début du western et sa conclusion. Pourquoi ne pas considérer que le héros a mis plus de dix ou quinze ans à achever sa "mission purificatrice" !!
Et ce n'est pas invraisemblable du tout de penser que les temps de formation avec l'armurier, puis le temps passé dans la tribu indienne Kiowa, dans le bagne en Louisiane puis chez les franciscains font que les années ont passé. Et puis rechercher des gens dont on ne connait pas le nom doit probablement prendre du temps.

Ce western c'est avant tout une superbe réalisation de Henri Hathaway aidé d'une somptueuse photo et des cadrages très pertinents dans des paysages à couper le souffle. J'ai pas trouvé mieux comme adjectifs…
Dès le début, par exemple, l'entrée de Max Sand dans la maison où ont été massacrés ses parents est magnifique. Des prises de vue de l'extérieur et de l'intérieur montrent Max Sand disparaître à l'intérieur ou apparaître à l'intérieur en contre-jour. Puis réapparaître à reculons. Du grand art.

Le reste du casting est d'une grande classe pour "servir" Steve McQueen. Les trois assassins joués par Martin Landau, Arthur Kennedy et Karl Malden. Raf Vallone en Franciscain. Et Pilar, la femme qui aide Max à s'évader du bagne cajun, jouée par Suzanne Pleshette (qu'on a déjà vu dans "les oiseaux" d'Hitchcock).

Quand j'ai acheté le DVD, j'ai été surpris du synopsis au dos du boitier qui parlait de sadisme de la part de Max Sand. Or j'étais absolument certain que ce commentaire était erroné car cela m'aurait à l'époque vivement choqué. En fait, ce n'est pas du tout ça ! Il se trouve que la mission de Max Sand arrive à la fin, que la colère de Max tombe, que le bras vengeur baisse et qu'il est incapable d'achever le tueur. Max jette son pistolet et est prêt à passer à autre chose avec juste le commentaire "saignant" : "tu es trop dégueulasse pour qu'on te tue" … Très fort.

Au final, un western tout simplement puissant.