Va poreux, va.

A partir d'un livre de Kazuo Ishiguro, Romanek livre une partition agréable pour l'oeil, douce, berçante, quasi-hypnotisante, avec parfois une légère tendance pour l'anesthésie.
L'interprétation, quasi-exclusivement portée par le trio Mulligan/Knightley/Garfield, ravira, bien qu'on puisse émettre des réserves sur la fibre dramatique de ce dernier.
Le parti pris d'une tragédie en mode piano piano charme à défaut d'emballer totalement. La structure clairement définie en trois axes, à savoir Pensionnat-Cottage-Hôpitaux, elle, dessert le film, étouffant les personnages, ne leur laissant que très peu de place pour exister, s'épanouir. Romanek, plasticien brillant, clippeur réputé, délaisse les potentialités scenaristiques du film au profit d'une approche cotonneuse de la campagne anglaise, d'ellipses duveteuses à base de colorimétrie très Penguin Books. Plaisant. Mais plutôt vain.
Romanek déroule dans une chronologie implacable, assez crue par opposition à cette douce mélancolie esthétisante, l'histoire de ces trois clones condamnés par essence. Le dispositif participe (trop) logiquement à l'émotion, sans profiter totalement des possibilités offertes par un tel pitch.

Au final, cette espèce d'uchronie sci-fi lo-fi, qui se laisse, soyons honnêtes, très aisément regarder, évoquera au spectateur ce cliché critique aussi banal qu'impitoyable : Never Let Me Go a bel et bien les défauts de ses qualités.