New World
7.3
New World

Film de Park Hoon-Jung (2013)

Après avoir été l’inspiration pour les westerns, le cinéma asiatique et notamment coréen, s’inspire à son tour de thrillers américains, n’en oubliant pas leur signature notamment ces touches d’humour et situations cocasses, parsemées ici et là qui réussissent toujours au décalage. Une photographie et une mise en scène particulièrement soignées. Une direction d'acteur qui nous évitent les excès de jeu, tellement appréciable, une esthétique et un choix musical parfaits.
Un thriller plutôt classique, comme l'était Infernal affairs -. et le metteur en scène maîtrise son sujet par une intrigue plus lisible et plus subtile qu'habituellement. La masse de production depuis Memories of murder a permis au cinéma coréen de se faire connaître et de permettre une revisite du genre ici totalement réussie.


Toujours sans concession mais plutôt classieux, tout démarre assez violemment comme il se doit, pour se diriger ensuite vers une ambiance sourde. Dynamique et rythmée, la mise en scène plutôt soft se concentre sur ses protagonistes, leur environnement et leur psychologie, alliant divertissement et thème sociétal, souvent bien présent dans le cinéma coréen.
Une bataille de succession entre parrains de la mafia coréenne, aidée par la police qui fera appel à un officier infiltré depuis de nombreuses années dans le syndicat, pour avoir la main sur les ententes et accords et démanteler le réseau.
L'opération New World se met en place.
Retournements, manipulations croisées et sans exception, avec en filigrane le thème du choix moral et psychologique d'un homme, dans un monde qui change et qui devra faire son choix sur sa loyauté.
Efficace en tout cas ; l'acteur Lee Jeong-jae (l'infiltré Lee Ja-sung) offre un jeu sobre et arrive à nous faire passer sa multitude de ressentis et le piège dans lequel il se trouve.
Que ce soient les plans serrés, la photographie, les regards et les gestes, tout ici appuie cette paranoïa permanente. La musique de Cho Yeong-wook (Old boy notamment) accompagne merveilleusement toutes les scènes et contribue à la puissance des situations.


Scénariste du film de Kim Jee-woon, J’ai rencontré le diable, Park Hoon-jung s'entoure de l'acteur, Choi Min-sik qui interprète ici le détective Kang, à la fois mentor et chef intransigeant plutôt inquiétant.
Quant aux deux rivaux favoris, Jung Chung (Hwang Jung-min) et Lee Joong-gu (Park Sung-woong), la tension monte jusqu'à la résolution finale. Rapidement les rôles s'inversent et nous baladent dans des sentiments contreversés très plaisants alors même que les pistes sont claires et permettent de suivre sans se perdre dans les noms et autres personnages ou encore de multiples pistes. Ce qui pour le genre coréen est très confortable.


Malgré plusieurs autres rôles justes, on remarquera plutôt ces quatre protagonistes, comme éléments centraux et remarqués du métrage et évidemment comme personnages stoïques et courageux face à leur destin.


L'amitié et la loyauté sont mises en avant par la relation qu'entretiennent Lee Ja-sung et Jung Chung, l’un des successeurs potentiels. Excellent Hwang Jung-Min, (que l'on voit déjà inspiré dans le film The strangers), qui dévoilera sa ténacité au fil du temps -et son caractère violent lors d'une scène qui mettra une certaine pression tant aux protagonistes qu'à nous-mêmes et contrebalance la vision du départ de ce personnage, joueur et enfantin..., prenant la vie du bon côté ! Se rajoute l'aspect loufoque, art coréen dans la manière de détendre l'atmosphère pour mieux nous surprendre avec cette bande de bouseux venant prêter main forte.
Le metteur en scène n'en oublie pas la violence sanglante des échanges...
Scènes de batailles en milieu confiné et particulièrement encombré et ses chorégraphies qui nous plongent pour un instant dans une autre dimension.
Tous ces choix du metteur en scène à nous balader contribuent à la réussite du suspense ne sachant pas finalement, à quoi s'attendre.
Pour enfin, un twist final qui laisse le choix de la résolution et conforte l'idée générale de l'histoire.


Revu encore une fois, l'appréciation ne change pas.

limma
9
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le 26 avr. 2018

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