Difficile de titrer cette critique : voir Naples et mourir... et pourtant !
Voici un film qu'il convient de savourer avec un recul nécessaire pour en saisir toute la mélancolie et cette sorte de folie qui consiste à vouloir se réapproprier son passé, quel qu'en soit le prix. C'est d'autant plus vrai que le cœur historique de Naples n'est pas la cité euphorique, au tourisme débridé, à la vie trépidante. C'est au contraire une ville sourde, poisseuse, aux rues étroites qui ressasse ses travers et ses mystères pour mieux exploiter ses habitants en les enfermant dans une nasse où la violence et la peur sont leur quotidien.
Mario Martone nous promène dans sa ville avec son héros Felice, excellent Pierfrancesco Favino, qui tente de solder les erreurs de son passé, en recherchant un apaisement malgré la noirceur ambiante. Même si une allusion est faite à la Camorra, et que sa présence est lourde de sens, ce n'est pas un film de plus sur la Mafia, mais une quête de paix de Felice sous forme de recherche de justice afin de calmer ses angoisses. Pour cela, il devra affronter Oreste, son ami d'enfance, interprété par un inquiétant Tommaso Ragno, torturé, et taiseux. On devine assez vite que la fin sera douloureuse et que, telle la lutte entre Caïn et Abel, il ne pourra y avoir qu'un survivant...
La fin du film précédée par cette musique de concert jouée par les enfants du quartier nous enserre pour mieux nous fragiliser et nous préparer au pire.
Magnifique film, à la lenteur poisseuse, que je vous encourage à découvrir...