En "roux" libre

« Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ». Cette célèbre réplique de Molière est la question que je me pose concernant la présence de Vincent Cassel en tant qu’acteur principal de cette bouse. Si la prétention du film est d’en faire une ode à l’anarchie, le seul truc anarchique ici c’est la réalisation entière de ce film.

J’ai l’impression de regarder un film réalisé par un adolescent traînant sur les forums JVC, tous les clichés sont là : homophobie, antisémitisme, racisme, sexisme, agressions sexuelles. Vous allez me dire que c’est pour dénoncer le comportement de ses personnages, mais à aucun moment le réalisateur ne les remet en question. Pire que ça il légitime leur sauvagerie. Romain Gavras sublime ici ses propres pulsions, ça pourrait être quasiment Freudien mais je doute qu’il l’ait même fait exprès tant c’est mal écrit.

La pauvre structure en trois actes, combinée avec le développement des personnages inexistant. Le film se veut social, dénonciateur, en réalité il se moque des prolos qu’il dépeint comme des abrutis ou des sauvages. L’antisémitisme, l’homophobie constante des personnages, la violence omniprésente et le racisme en fait un récit purement fasciste narrant l’histoire de deux personnages. Gavras veut glorifier l’anarchisme mais peut-être faudrait-il lui rappeler que la base de la théorie anarchiste est l’humain au centre de tout, l’exact contraire donc de tout ce que démontre le film qui tape gratuitement sur tous les personnages secondaires (le jet de cacahuètes sur les arabes, le vendeur de voiture juif, l’agression sexuelle du réceptionniste gay, la scène du mariage, etc.). Vous allez m’accuser d’être puritain, de ne rechercher que des films à la bonne morale chrétienne. Je pars du principe de base que si un film veut être subversif, déranger le spectateur, mettre en scène des actions immorales il doit tout de même essayer de perturber le spectateur en le mettant face à ses propres défauts, en représentant une violence intérieure en chacun de nous. Sauf que là ça ne fonctionne pas, les personnages principaux sont tellement immondes et tellement déconnectés de la réalité qu’ils ne permettent aucune identification, on n’a aucune empathie pour des mecs qui s’amusent à brutaliser gratuitement tout le monde, pour un film qui veut s’ancrer dans le réel et être un film social c’est complètement absurde.

Néanmoins le bordel est assez fluide à suivre étant donné sa réalisation quasiment clipesque mais voilà le but est de faire des belles images sur la forme mais avec un scénario raté avec des acteurs au jeu plus que discutable comme Olivier Barthélémy qui surjoue en permanence ça devient vite insupportable.