Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Nuit et Jour
7.1
Nuit et Jour

Film de Chantal Akerman (1991)

La simplicité et le pessimisme d'Akerman, mais rendus beaux : son cinéma se sera raffiné, même si c'est seulement à mes yeux. Son ton désespéré est le même, celui qui fait faner tout évènement avant qu'il se produise, mais elle est loin, l'impression que j'avais que ses films étaient pressés de ne rien dire. Nuit et jour parle à chaque plan, et ses choix minimalistes (tant en mots qu'en images) sont choisis avec un soin poétique qui fait penser à tout ce qu'ils ne disent pas, sans sonner creux – ou peut-être justement parce qu'ils sonnent creux.


L'amour et l'insouciance comme maquillage sur la promesse muette mais persistante que tout ne pourra qu'aller plus mal ; l'euphorie telle la loupe à travers laquelle on contemple le mal-être et sa progression. Des thèmes doux et intimistes sont explorés en une caresse, comme l'analyse récursive du bonheur par le bonheur. On lit le film au pied de ce prémisse fragile comme un château de cartes, mais qui tient bon face à une tempête d'émotions – car Guilaine Londez, qu'on pourrait croire désinvolte et naïve à la voir et l'entendre, entretient avec un sourire involontairement mutin sa foi en cette perfection qui dure en elle, qui perdure monotonement... et qui même brisée ne la quitte pas.


Dans son esprit d'indépendance, d'isolement et de candeur, Nuit et Jour touche pour moi plusieurs cordes sensibles. Si je cherche à comprendre pourquoi il n'a pas autant soulevé les foules, j'imagine en premier lieu que c'est à cause des portes ouvertes qu'il enfonce inconséquemmment sur les aspects relationnels. Mais c'est avec lui qu'Akerman me convaincra pour la première fois, car pour entrer dans son film, il faut en sortir et le contempler avec toute l'extériorité sublime qui a servi à le faire.


Quantième Art

EowynCwper
7
Écrit par

Créée

le 12 mars 2021

Critique lue 125 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 125 fois

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3