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En 1992, une jeune fille de couleur est fusillée par une caissière raciste qui l'accusait de lui voler une brique de jus de fruit. Un dollar. Elle est morte pour un dollar. Le constat est déjà effarant, avant d'entendre, en plus, que la jeune fille avait à la main l'argent pour payer la brique, que la meurtrière n'a pas passé longtemps à l'ombre et s'en est tirée avec une petite amende. Là, on pense sérieusement à jeter notre téléviseur par la fenêtre, pour ne plus entendre à quel point notre monde est aberrant, méchant, toujours coincé avec la même rengaine ("déteste ton prochain") qui s'abat fatalement sur les plus démunis. Ode à Latasha redonne de la visibilité à ces faits divers qui disparaissaient dans l'indifférence totale (moins aujourd'hui, justement, grâce aux révoltes des minorités). On est vite touché par les témoignages des proches de la petite fille, parfois émus jusqu'au mutisme (qu'on n'ose pas briser), par les anecdotes de vie des deux ados qui pourraient être nos anecdotes à nous, qui pourraient être nos souvenirs, excepté la peur de se faire descendre au supermarché. Cependant, la forme du court-métrage n'est pas très plaisante à suivre, avec ses fonds noirs gribouillés de toutes les couleurs comme une vidéo ratée, les paroles sur des images qui n'ont rien à voir, ou sur des fonds unis un peu lassants. Dommage, car on en arrive à s'ennuyer du visuel alors que les mots passionnent nos oreilles. En terminant ce court-métrage, on est bien tristes de voir qu'en 1992, un petit morceau de papier vert peut servir d'excuse à tuer une petite fille, et que la justice s'en fiche. Une justice à un dollar.

Aude_L
6
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le 9 avr. 2021

Critique lue 105 fois

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