BLABLA JE HURLE JE SUIS PAS CONTENT (titre provisoire)

Ce film souffre de beaucoup de problèmes qui l'empêchent de devenir un grand film. Alors que le mythe est respecté, compris et bien retranscrit. Que le film installe une ambiance réussie, le travail sur les musiques, certains regards caméras sur lequel je reviendrai... Le film manque d'une finition évidente.
D'abord les fautes de raccords, parfois utilisé pendant la période d'errance d'Oedipe comme symbolique de son état d'esprit et des questions qui le traversent, certains sont des erreurs que l'on ne peut laisser passer.
Viennent ensuite les regards caméras, qui sont très (trop) présents, alors que s'ils avaient été utilisés avec + de parcimonie auraient pu être continuer à renforcer l'idée d'un complexe universel, à mon sens, seuls deux sont utiles et réussis, celui de la mère au début et celui de Jocaste à la fin, d'ailleurs jouées par la même actrice, qui avec son regard peiné, maternel et son sens de la lenteur rendent ses regards dérangeants, au sens qu'ils instaurent une complicité qui nous fait Être avec ces personnages, nous montrant encore l'universalité du complexe d'Oedipe défini par Freud. C'est d'ailleurs la meilleure actrice du film, de TRÈS loin.
Les autres regards caméra, font tâche à côté des siens, ils sont mal joués, de trop, j'y reviendrais plus tard.

Quant au scénario et à la construction des personnages, Pasolini réussit bien à montrer le déni dans lequel se placent les humains dans une telle situation, Jocaste et Oedipe, alors qu'ils ont en face d'eux tous les éléments pour comprendre, restent dans le déni, Jocaste en particulier, à chaque moment où la vérité ressurgit, part jouer avec les autres femmes de Thèbes. Cela peut sembler plutôt simple, mais ce côté de déni est une composante du complexe d'Oedipe auquel je n'avais jamais vraiment porté attention avant ce film.

Une des qualités de ce film est sans doute sa photographie, les jeux de lumière notamment ont une certaine esthétique auquel j'ai été sensible, mais cela me permet de retourner sur un passage en particulier du film, qui possède un double sens de lecture, mais est aussi révélateur du véritable problème de ce film, dont les erreurs de réalisation sont la face émergée.
Après qu'Oedipe se soit fait révélé sont destin par l'Oracle, celui rentre dans une phase d'errance et de doutes.
Ceci se traduit à l'écran par des prises de vues étranges, de nombreux passages sont notamment filmés caméra à l'épaule et suivent le personnage, ces moments donnent une impression de malaise qui est à la fois la psyché du personnage à ce moment, mais également la psyché d'un petit enfant qui confronté au complexe d'Oedipe, recherche son identité sexuelle par rapport à ses parents. Cela est encore confirmé par les moments où Œdipe tourne sur lui-même en fermant les yeux, comme s'il cherchait son chemin/son identité.
Il serait trop long de lister les tous les procédés utilisés par Pasolini, mais tous ou presque souffrent du défaut réel dont je parlais avant : le manque de sobriété.
Si l'on revient sur les séquences caméra à l'épaule, celles ci bougent trop, beaucoup trop... Je pense que ces séquences sont là pour représenter les doutes d'Oedipe, mais le procédé est tellement surutilisé ou tellement appuyé (en l’occurrence ici c'est les deux) que cela apparait d'abord comme une simple erreur stupide de réalisation, ce qui nous fait sortir du film et du propos.
Quand je dis que ce film manque de sobriété, c'est flagrant, trop de regards caméras, trop de personnages qui hurlent ou semblent surjouer, bref trop de pathos. Le tragique de la situation n'est pas crédible quand il est mal traité comme ça et je pense que c'est dommage car le film manque de peu pour être un très bon film.
Bussy
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le 7 déc. 2013

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Bussy

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