Les missions spatiales, aussi captivantes et fascinantes qu'elles puissent être, possèdent un important lot de défis à relever, dont le facteur humain couvre un large panel de risques aléatoires. Comment anticiper, après tout, les aléas de l'esprit humain ? C'est très certainement ce genre de questions qui a du inspirer le réalisateur Stéphane Lafleur pour son troisième métrage, Viking (ou On Dirait la Planète Mars, chez nous).


Un film aux tonalités comiques qui nous met aux côtés d'une bande d'individus dont le profil psychologique correspond à celui de membres partis pour une mission sur Mars. Mais à cause de frictions dans l'équipe, une réplique terrestre de cette mission a été créé afin de comprendre les raisons des dysfonctionnements sociaux au sein de l'équipage martien. En recréant les mêmes dynamiques de tensions, d'amitié, d'amour, au sein d'un microcosme semi-martien, la société Viking espère décortiquer l'âme humaine, à peu de choses près.


Pour exécuter sa vision, Lafleur conjugue deux beautés : la beauté spatiale, au travers de courts segments de la Belle Rouge, donnant une teinte onirique à l'ensemble, dont on retrouve des morceaux dans l'esprit du personnage principal, incarné par Steve Laplante (très floral, ces québécois), qui mêle ses aspirations de grandeur spatiale à son quotidien.


Et enfin, la beauté d'un huis-clos où un humour pince-sans-rire donne la mesure dans un environnement confiné, où une galerie de personnages hauts en couleurs doivent se prêter à l'exercice d'effacer leur propre personnalité pour en comprendre d'autres.


Cette vision statistique de la psyché humaine se mêle aussi aux façons d'échanger entre les personnages, dans une sorte de politesse fausse, qui confère au métrage une touche savoureuse de réflexion sur la condition humaine, à l'image des luttes de pouvoirs qui animent ce microcosme. L'ensemble se tient admirablement jusqu'à un final remettant toutes les cartes sur la table, et donnant à ce film la délicate saveur douce-amère dont il avait besoin pour devenir un film immanquable.



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le 28 août 2023

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