Tarantino revient pour notre plus grand plaisir. Si ce n’est pas mon film préféré de sa filmographie, il n’en reste pas moins un des bon coups de cette année. Sa structure narrative diffère un peu de ce qu’il avait récemment, parce qu’on se rapproche plus de ce qu’il avait pu faire avec Inglourious Basterds tout en ayant une atmosphère et un rythme qui m’ont beaucoup fait penser à Jackie Brown ou Pulp Fiction… Du coup oui, sans forcément être son meilleur film, Once Upon a Time… in Hollywood est sans doute le film qui résume au mieux la filmographie de son auteur. Plus que tout, le film est surtout la lettre d’amour à l’Hollywood des années 60 décrite par beaucoup.


Outre le fait d’y plonger en plein cœur, Tarantino n’hésite pas à nous en abreuver, que ce soit par des références, son ambiance, ou tous les éléments qui la constituent. Je pense non seulement aux films et au séries, mais aussi comment QT fait graviter son film autour des ses éléments. Ce ne sont pas que de simples références, ce sont des éléments de l’intrigue à part entières. On a bien sûr le tournage du film dans le film, où Tarantino se donne à cœur joie et qui est sans doute l’un des meilleurs moments du film. Le film est une ode à une idée disparue, une époque révolue, une vie fantasmée.


L’histoire m’a paru un peu décousue par moment, mais l’ensemble garde quand même une certaine cohérence sur la durée. Peut-être que le gap temporel (et la coupure qu’il crée) pour mener à la conclusion n’était pas nécessaire en soit, mais ce n’est pas forcément très problématique. Même si nous avions été prévenus dès le départ, j’aime comment Tarantino structure l’ensemble, car ce côté décousu permet justement de leurrer le spectateur vers où QT veut nous mener. Il sait très bien où il veut aller, mais la façon dont il le fait donne l’impression du cours d’une rivière qui parcourt la vallée au grès des méandres.


Les personnages sont vraiment chouettes. Le duo Cliff et Rick fonctionne super bien, l’alchimie entre eux démarre dès la première scène et ne quittera jamais l’écran jusqu’au final. C’est intéressant aussi le rôle donné à Sharon Tate, car on sent que Tarantino joue avec son spectateur : elle n’a pas de rôle en soit par rapport à l’intrigue centrale, mais elle constitue une sorte de fil rouge que Tarantino utiliser pour nous tromper. Les autres personnages sont tout aussi marquant, car là encore, même s’ils n’apparaissent que quelques instants, ils ont une certaine prestance à l’écran, dans le plus pur style tarantinesque.


Le film sera aussi sans doute l’un des moins gores de son réalisateur, dans le sens où la violence sera contenue pendant tout le long, n’étant présentée qu’à travers l’œil de la caméra mais pas en tant que violence réelle, jusqu’à ce qu’elle arrive dans le monde de Cliff, dans un final où, une nouvelle fois, elle explosera de façon courte mais intense, et toujours aussi jouissive (là où pour Django Unchained, Tarantino s’était peut-être top étalé). La fin viendra confirmer le tour de magie du cinéma.


Le casting sera plutôt bon dans l’ensemble. Margot Robbie se retrouve avec un rôle qui lui va à ravir sans qu’elle n’ait pas vraiment à entrer dans la peau du personnage, on la sent tout au naturel dans sa naïveté. On retrouvera plusieurs têtes bien connues du répertoire de Tarantino, souvent pour un caméo clin d’œil, parfois pour un peu plus. Margaret Qualley sera intéressante dans son rôle, mais j’ai pas forcément été super convaincue sur la durée. Idem pour Al Pacino ou Kurt Russel qui sont plus là en coup de vent qu’autre chose.


En revanche, oui, Brad Pitt et Leonardo DiCaprio excellent dans ce film, chacun à leur façon, chacun avec leur jeux spécifiques (Pitt le nonchalant, DiCaprio le perfectionniste). L’alchimie entre eux fonctionnent à merveille, et chacun apporte un plus à l’autre pour se surpasser. Même en solo, ils sont géniaux (les scènes du tournage avec DiCaprio, bordel mais il est géant ; la scène au ranch avec Pitt, la façon dont on se sent menacé mais il nous rassure par sa prestance).


Sur le plan technique, Tarantino montre une nouvelle fois sa maîtrise des différents codes. Au niveau de la mise en scène, on y retrouvera son langage habituel, ainsi que plusieurs gimmicks et plan fétiche qu’il utilise bien souvent. Les décors seront extraordinaires, aussi bien ceux des plateaux de tournages que ceux de l’histoire même. Tarantino revient également à une bande son classique avec le film, abandonnant l’idée de la musique originale, pour nous plonger encore plus dans cette ambiance des années 60.


Once Upon a Time… in Hollywood est donc bien un film de Tarantino dans tout son ADN. Sans en être le meilleur, il est clairement celui qui résume au mieux sa filmographie, ses codes, ses personnages, son amour pour le cinéma. Ce qui en fait donc, en effet, sans doute le climax de sa filmographie, avant son dernier film qui viendra la conclure. Pas déçu une seule seconde par ce film qui, malgré sa durée, se dévore sans voir le temps passer.

vive_le_ciné
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le 25 août 2019

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vive_le_ciné

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