Hollywood ending

Ce fut sans aucun doute l'un des films les plus attendus de l'année; Tarantino étant à l'heure actuelle l'un des rares réalisateurs (avec Spielberg, Burton ou Nolan) qui parvient à susciter l'attente tant au niveau du grand public que des cinéphiles les plus passionnés.

Pour son neuvième long-métrage, l'ami Quentin a décidé de nous concocter une véritable déclaration d'amour au Hollywood de son enfance, celui de la fin des années 60-début 70, marqués entre autre par la la guerre du Vietnam, les mouvements hippies et beatniks et bien évidemment, la sordide affaire Charles Manson /Sharon Tate.

En nous faisant suivre les pas de Rick Dalton (DiCaprio), acteur star de séries télé à la carrière déclinante, et de sa doublure cascade Cliff Booth (Pitt), Tarantino signe une parade à la fois désenchantée et mélancolique sur la fin d'une ère et le début d'une nouvelle.
Sur ce point-là, il est à noter que "Once upon a time..." est de loin et volontairement le film le moins burlesque et accessible du réalisateur; ce qui n'a pas manqué d'ailleurs de laisser sur le carreau certains spectateurs. Certes, son humour (noir et à froid) est toujours présent mais par petites touches, Tarantino ayant voulu jouer à fond la carte de l'hommage et de la nostalgie. Ceci dit, et c'est l'une des grandes forces du film, son film ne se complaît jamais dans le simple exercice de style et s'amuse même à mélanger les différents genres avec maestria et jubilation.

Tour à tour film choral, comédie noire, drame, western, "Once upon a time..." se présente ni plus ni moins que comme un vaste kaléidoscope dans lequel tout est permis ou presque, où la narration est entièrement dictée par les personnages eux-même et donc volontairement décousue. Et ce qui fait qu'à aucun moment on ne se sent perdu réside avant tout dans l'excellence de la mise en scène (comme souvent chez Tarantino), la direction d'acteurs (mention spécial à un Brad Pitt touchant en cascadeur ne parvenant pas à percer), sans parler de la reconstitution plus vrai que nature du Hollywood des années 60. En cinéphile passionné qu'il est, le cinéaste a vraiment tout fait pour que l'on ressente tout son amour à l'écran et que chaque plan, chaque image soit pensé comme un hommage au septième art.

Passionnant de bout en bout, maîtrisé de A à Z, regorgeant (comme tous les films de Tarantino) de séquences jubilatoires et de dialogues philosophico-existentiels, "Once upon a time...", en plus d'être vu comme le miroir de la fin d'une époque, peut aussi, d'un certain point de vue, être envisagé comme la métaphore du Hollywood actuel, celui marqué sur le plan social par l'affaire Weinstein et la vie décadente de certains comédiens, et sur le plan créatif, par la suprématie du Blockbuster super-héroïque et l'hégémonie Disney, ralentissant de surcroît la carrière de certains acteurs et réalisateurs.

Si quelques défauts subsistent par-ci, par-là comme le jeu pas toujours très juste de certains acteurs, en particulier celui des membres de la secte Manson, ou encore des personnages pas très étoffés comme Sharon Tate (Margot Robbie) et Charles Manson (Damon Herriman), "Once upon a time...", en plus d'être le film le plus personnel et mélancolique de son auteur est incontestablement un grand moment de cinéma et d'ores et déjà l'un des films les plus importants de cette année.

On t'aime, Quentin !