Un symbolisme puissant et bouleversant

Introduction

Cette critique est ma première dans le domaine du cinéma. Elle s'adresse à tous les fans et défenseurs de l'animation ainsi qu'aux adultes responsables d'enfants et soucieux de leur bien-être. Mon propos est celui d’une passionnée d’animation. Je vibre avec cet art depuis que je le connais et j’ai l’espoir que ses mérites soit reconnus un jour.

Ce film est engagé en faveur des victimes de l’inceste. D’après les mots de l’auteur, il est « humblement dédié à toutes les Opal à travers le monde ».

1) Présentation et Analyse

Type : Long-métrage

Technique : Animation

Genre : Drame

Thèmes : inceste, dynamiques familiales, magie, guérison, culture créole

Auteur : Alain Bidard

Société de production : Pagod Films

Date de réalisation : 04.12.2021 en Martinique, France

Durée du film : 1h25

Sortie en France métropolitaine : 08.10.2024

Distribution : Prime Video

Langue : Anglais

Objectif du film : exprimer de manière symbolique la réalité de l’inceste. L’utilisation du symbolisme permet aux audiences plus jeunes de visionner l’œuvre en comprenant la gravité des abus physiques au sein de la famille.

Synopsis

Les premières images présentent un royaume où la faune et la flore sont immortelles grâce à la magie qui les fait vivre. Cette magie est générée par la princesse du Royaume, Opal.

Son épanouissement alimente la magie et permet au royaume de prospérer.

Son mal-être interrompt la génération de magie et plonge le royaume dans le chaos.

Souhaitant conserver sa jeunesse et sa vigueur, son père, le roi, décide d'utiliser sa magie dans son propre intérêt en lui en prélevant quotidiennement. Au fil des jours, la magie diminue au sein du royaume et le vivant en subit les conséquences.

Résumé de la première scène

C’est dans le quotidien d’un rosiériste que nous sommes plongés dans la première scène. Faisant face à la perte de sa production, il fait appel à un gardien de la magie, le Grand Iroko. Le constat de ce dernier est sans appel : les fleurs meurent car la magie manque. Il s’engage auprès du rosiériste à enquêter au sujet de la magie.

Rythme et atmosphère

Porteur de son ambiance tendue et dramatique, le rythme du film est volontairement lent. Il s’agit de connecter la peur de l’héroïne à celle du spectateur. Un rythme soutenu n’aurait pas permis cette immersion.

La bande-son joue un rôle clé dans cette œuvre, toujours en cohérence avec ce qui est présenté : oppressant en présence du roi, mystérieux en présence des Irokos, tragique aux moments clés, faisant d’Opal un long-métrage qui s’écoute autant qu’il se regarde.

Message transmis

Sans ambiguïté, le film qualifie l’inceste (symbolisé par la ponction de magie) de crime extrêmement grave.

2) Critique

Opal apporte un air frais d’innovation et d’originalité qui se distingue des thèmes classiques revus sans audace. Enfin une prise de risque qui s’élève parmi les meilleures nouveautés du septième art !

Visionnage réalisé en VOSTFR puis en VOST. Sous-titres français générés automatiquement.

Les points forts

- Objectif du film atteint : l'inceste est intelligible symboliquement par le spectateur.

- Pertinence psychologique quant aux attitudes des personnages (culpabilisation exercée sur la victime par l'agresseur, dédramatisation de la victime face à ce qu'elle vit) et aux émotions présentées (chacune ayant leur origine et leur conséquence).

- Omniprésence du symbolisme renforçant le contexte magique (la corne du roi, pièces nommées ego/superego, fleurs blanches absentes ou tachées, roi sur fond rouge, etc).

- Personnages attachants et histoire émouvante permettant de s'identifier.

- Fil conducteur suivi et dénouement clair.

- Couleurs chaudes, douces et intenses.

Les points faibles

- Les déplacements des personnages sont parfois robotiques.

- Certains effets visuels font désuets (fond de déplacement du Grand Iroko).

- Quelques petits faux raccords seulement notables en visionnage analytique.

- Rarement, les enregistrements de voix baissent en qualité par rapport aux autres.

Il s'agit pour moi de détails qui n'ont en aucun cas rendu l'expérience déplaisante.

Remarque sur l'indication d'âge : 7+ ans

En admettant que certains enfants soient suffisamment aguerris pour Opal, je pense que la plupart ne peut supporter ce visionnage avant 9-10 ans. Rappelons que l’antagoniste est le père biologique de l’héroïne. Pas de sang, pas de sexe représenté, mais la violence et le sous-entendu sont bien là. L’œuvre est engagée pour les enfants, elle a été réalisée pour une reconnaissance de la souffrance qu’endurent les victimes de l’inceste. En ce sens, j’ai compris qu’elle s’adressait aux adultes ayant des enfants sous leur responsabilité et ce afin d’éveiller leurs consciences.

Conseil préalable au visionnage : l'état d'esprit idéal

De production entièrement martiniquaise, le film Opal représente un voyage pour toute personne qui n’est pas issue de culture caribéenne. La curiosité, le lâcher-prise et l’empathie sont nécessaires pour que l’immersion soit optimale.

Rappelons que ce film est reconnu par plusieurs oscars sur différents continents et qu’il s’agit du deuxième long-métrage de l’auteur. Les reproches adressés à cette œuvre se doivent d’être en lien avec son contexte de réalisation.

Conclusion

C'est son engagement qui m'a amenée à visionner Opal et ce film a dépassé mes attentes par son intelligence émotionnelle et le symbolisme méticuleusement travaillé. Je le recommande à toute personne ayant vécu des maltraitances intrafamiliales et aux professionnels de l'enfance.

Je suis convaincue que cette œuvre peut contribuer à un monde meilleur et qu'elle vaut le détour pour les personnes simplement curieuses.

Je remercie Alain Bidard pour son travail et sa passion et j'attends avec impatience son troisième long-métrage.