Comme beaucoup d'autres sur un tel sujet, je ne peux que me contenter d'un titre facile.


Comme sur tous les derniers Nolan, je prends plaisir à développer mon argumentation vu qu'il y a sérieusement beaucoup à écrire.


On peut commencer par le plus évident. C'est beau. Le jeu de lumière selon les périodes historiques est prenant, délimitant ainsi les différentes parties de son existence. Le choix de garder le noir & blanc pour l'après-explosion est ô combien symbolique et glaçant, rendant à ce biopic une sensation assez tragique. Ce choix renforce l'impression que notre héros, sinon son âme, s'est perdu avec l'explosion des bombes. Créer un engin de mort pareil ne peut laisser indifférent.


Au fond, notre héros porte le poids moral d'un anti-héros. Magnifié à la fin d'une guerre sanglante pour avoir conçu un engin de mort comme l'humanité n'en avait jamais vu auparavant, il est ensuite cloué au pilori pour avoir eu des sympathies communistes et surtout d'oser, en tant que scientifique, demander le partage des connaissances entre les différentes nations (le fou...).


Le cinéma nous l'apprend, l'image n'est que la moitié du couple. Le son et la musique changent drastiquement l'impact d'une scène.


C'est certainement le Nolan dans lequel les personnages parlent le plus (ils caquettent mon vieux, on dirait des marchands de poissons de Ménilmontant). Le tout accompagné par une bande sonore globalement sobre mais toujours efficace, elle d'autant plus percutante lors de la scène de l'explosion. Son absence, à ce moment précis, irradie toute l'image et toute la salle de cinéma. C'est parce qu'il n'y a plus aucune note que le monde change littéralement. L'Homme vient de créer une bombe qui éteint le bruit dans une lumière assourdissante. La symbolique est particulièrement prenante.


Savoir que les équipes techniques ont réalisé les différents tests sans trucages numériques est bluffant. Et me rend encore plus admiratif du travail réalisé.


Parce qu'admiratif, on peut l'être. Et nous n'avons pas encore discuté du casting. Et là, il faut l'écrire. Je ne rappelle pas du dernier film qui m'a surpris tout au long du film par l'apparition successive d'acteurs de premier plan. La promo du film se concentre sur les têtes d'affiche (et c'est normal) et donc quel plaisir de les voir débouler (certains pour une scène) les uns après les autres.


La plus belle surprise fut le rôle de Rami Malek. Au départ, quand il arrive sur scène, il a clairement un rôle en retrait sans aucune ligne de dialogue ou presque et mon interrogation était grande sur le pourquoi utiliser un tel acteur pour le sous-utiliser autant. Et Papa Nolan m'a donné une leçon, le farceur. Parce qu'il le gardait au chaud pour une très belle scène. Scène d'ailleurs qui comprend le diamant brut de ce film.


Robert Downey Jr évidemment. Franchement ? Je suis conquis (#giveanoscartoRDJ). J'ai beau sentir venir le dénouement moral de son personnage (no joke), j'ai été ébloui par sa performance. Genre bouche bée. La justesse de son jeu, les mimiques, la paranoïa du personnage rendent le jeu de RDJ net et précis. Ce fut un régal.


L'acteur fétiche de Nolan, Cillian Murphy est lui aussi au-dessus de la mêlée. On comprend pourquoi Nolan le garde près de lui toutes ces années. Il réussit à nous communiquer le dilemme moral du personnage, ses angoisses et sa solitude. C'est très beau à voir.


Ayant eu peu d'occasions d'aller au cinéma ces derniers temps, je fus plus que satisfait du temps pris pour ce film. Un biopic assez prenant, réussissant avec brio ses différentes scènes avec Einstein, alignant un casting éclatant. Bref, ce film est une bombe !



BlackHornet
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le 4 sept. 2023

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BlackHornet

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