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Oppenheimer, le destructeur de mondes

Juste après avoir quitté Warner Bros pour rejoindre Universal, Christopher Nolan avait déclaré que son prochain serait un biopic sur l’homme qui inventa la bombe atomique. Surpris, j’avais surtout une crainte, que le studio impose sa vision au point de ne laisser aucun choix artistique à Nolan.


Mais preuve en est qu’après être sorti de la séance de cinéma, je m’étais trompé.


Même si certains reprocheront à Nolan d’être verbeux à expliquer « comment cela fonctionne » au spectateur comme dans Tenet et Interstellar (souvenez-vous de la scène où l’on explique les trous de verre avec une feuille et un papier), on ne peut pas reprocher à Nolan de faire des films au rabais. Et pour moi, quasiment tous ses films sont une réussite.


J’avais d’ailleurs à l’époque de la sortie de Tenet, fait une critique très longue sur le sujet sous la forme de lettre ouverte. Sa maitrise de la caméra, la façon dont il se documente sur le sujet, les choix artistiques, mais surtout sa volonté absolue que ses films sortiront coute que coute au cinéma, et non pas sur les plateformes de SVOD. Cette volonté et ses valeurs en font aujourd’hui un des réalisateurs qui se font rares dans l’art de raconter des histoires captivantes et le voir sur grand écran.


C’est pour ce genre de films que je vais au cinéma, mais en premier lieu parce que le cinéma est une vraie expérience quand on va voir des films aux symboles forts.


Suite à l’arrêt de sa collaboration avec son frère dans l’écriture de ses films, Nolan avait écrit et réalisé deux films : Dunkerque et Tenet. Même si ce dernier à quelque peu divisé le public par sa complexité, cela reste le seul écueil de sa filmographie. Mais si le film n’a pas comblé les attentes de la Warner, il en faut pas totalement jeter la faute sur Christopher Nolan. Nous étions en période de Covid encore et le public était assez frileux de retourner en salles, perdu et angoissé par les restrictions faites par les distributeurs pour accéder aux salles (masque obligatoire, un siège vide entre deux personnes). Le climat n’était pas bon. Le climat ne s’est pas calmé non plus quand Nolan critiqua ouvertement Warner qui voulait sortir à l’époque ses productions en salles et sur HBO Max en même temps. Ce qui déclencha l’arrêt de la collaboration entre Nolan et la Warner Bros.


Son arrivée chez Universal me faisait dire que les chamboulements ayant eu lieu récemment à Hollywood, les films de Nolan allaient peut-être en pâtir artistiquement. Le retour du compositeur Ludwig Göransson sur Oppenheimer après Tenet, me faisait grincer un peu les dents. Même si je ne connais pas Ludwig Göransson pour son œuvre, je dois dire que sa musique sur le film de science-fiction / espionnage est un peu criarde et la moins mélodique de ce que je connaissais.


Et bien ici, dans Oppenheimer, c’est tout le contraire. La musique met parfaitement les scènes en forme et accompagne les moments de tension avec brio. Le montage est d’ailleurs à féliciter, mettant en surbrillance ce qu’il se passe dans la tête d’Oppenheimer quand le moment de la première explosion arrive.


C’est d’ailleurs à plusieurs moments dans le film, que l’on voit les pensées du père de la bombe atomique, à travers des images de désolation sur les conséquences de ses actes. Ou encore de la camera qui tremble tout en fixant Oppenheimer laissant penser qu’Oppenheimer est terrifié par sa découverte et de l’utilisation qui peut en être faite par l’armée. Même si ses collègues se réjouissent de la réussite de leurs recherches, Oppenheimer est terrifié par les résultats.


Le film dure trois heures mais sans jamais lasser le spectateur happé par l’envergure du récit. Car, s’il s’agit pour Nolan de raconter l’histoire de la première bombe atomique, il enrichit son histoire avec la vie personnel et sentimentale d’Oppenheimer, le tout saupoudré de politique et de trahison.


Beaucoup de cinéphiles connaissent Nolan pour son intérêt au temps. Et encore une fois, il nous surprend et détourne les codes cinématographiques. Alors que dans la plupart des films, les scènes en noir et blanc évoque des passages se passant dans le passé, ici Nolan utilise ces couleurs pour nous compter le présent. Il y a d’ailleurs trois temporalités comme dans Dunkerque. Mais cette fois ci, sans indiquer quand cela se passe. Cela peut paraitre quelque peu déroutant au début, mais sans laisser notre cerveau se remettre en cause tout au long du métrage. La gymnastique se fait facilement et on a vite faire de s’y faire.


On sait aussi que Nolan aime les effets pratiques, plus que les effets numériques. Il faudra acheter le DVD ou Blu-ray du film pour savoir comment il a pu réaliser les visions de Oppenheimer, ou encore mettre en image un champignon atomique. Un article d’Allociné avait révélé la façon dont il avait procédé pour la séquence de l’explosion.


Pour ce qui est d’acteurs, seul Nolan et quelques rares réalisateurs peuvent se vanter d’offrir un aussi beau casting : Cillian Murphy, Émilie Blunt, Robert D Junior et Matt Damon en général cherchant coute que coute à arriver à ses fins et réfléchissant de façon très pragmatique.


Que ce soit des rôles secondaires, tous excellent dans leurs personnages avec le rôle principal ayant constamment des doutes sur ce qui l’obsède. Et comme je le disais plus haut, c’est la mise en scène de Nolan qui met en lumière toutes les facettes des différents acteurs de ce moment de notre histoire.


Oppenheimer jusqu’à sa mort, regrettera avoir inventé cet engin de destruction. A travers ses dialogues dans le film et la vie réelle, se dira être un destructeur de monde, tant les remords le rongeront de l’intérieur.


Un biopic donc à voir, pour apprendre tout de la première bombe atomique et de ses conséquences sur notre société actuelle.

CodiuyeUtah
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le 5 oct. 2023

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