Fabuleux puis ennuyeux puis intéressant
Les 40 premières minutes de ce film font parties des plus incroyables que j'ai pu voir. Explosant toutes les règles, se détachant de toute mesure, c'est une décadence à n'en plus finir. Tout les codes sont rompus : personnage sur-mesure, dialogues exquis, musique d'exception, exposition sans limite des corps, tout est réuni pour rendre ce film culte, et plus, mythique.
Le sacré se mélange au prosaïsme et à la débauche, la beauté se mêle à la laideur. Rien n'est cadré à l'instar du héros qui n'a aucune limite. Violence, viol, meurtre et trahison, tout est fait par ce jeune homme possédant, tel un symbole absolu, un serpent comme animal de compagnie. Totalement débauché et corrompu, le héros est l'un des plus charismatique et intéressant que j'ai pu voir depuis longtemps. Créé sur-mesure, loin des clichés du jeune homme arrogant, il va toujours plus loin dans sa recherche d'ultra-violence jusqu'à commettre l'irréparable.
Mais voilà, après une fabuleuse première partie, le film redevient plus sage, plus sérieux, la faute à un message qui doit passer auprès du public. La prison casse le rythme, l'enfermement du héros stoppe l'extravagance. Les passages de l'incarcération et des tests scientifiques sont une transition entre l'avant et l'après pour le héros. C'est également l'occasion pour S. Kubrick de se questionner sur le traitement à apporter aux détenus. Deux visions s'opposent, l'une étant la justice au coup par coup, rendre au condamné ce qu'il a commis. L'autre étant la voie de la guérison et de la compréhension. Percevoir le fonctionnement du cerveau pour enfermer le "mal". Technique choc pour éradiquer la violence, on pourra voir tout l'effet désastreux de cette méthode dans la seconde partie du film.
Cette seconde partie justement qui continue sur le même ton sérieux adopté depuis l'emprisonnement. Le héros se prend en plein visage tout le mal qu'il a put faire avant son jugement. Tour à tour il rencontre les protagonistes qu'il a pu blesser, ces mêmes personnes qui le lui rendront bien. Le traitement fait son effet, non seulement il est obligé d'être passif, le choix d'être sage et sans violence n'est plus possible, c'est une contrainte mais en plus, il ne peut même plus se défendre physiquement. Victime accomplie, il se voit forcé de subir tout ce qu'on lui impose.
Même si l'on ne retrouve pas la folie du début du film, nous avons toutefois une partie plus intéressante que le passage dans la prison. Les thèmes sont développés et prennent toute leur ampleur dans cette dernière partie. Tout s'emboite et arrive à son terme auprès du spectateur. Outre des sujets secondaires comme la manipulation du héros par les politiciens, l'important ici est le renversement de situation du personnage principal entre le début de l'œuvre et la fin.
Quant à la dernière phrase du film, rien à dire dessus sinon ce n'est plus amusant.
Un film à voir rien que pour les 40 premières minutes d'exceptions et de grandeur cinématographique qui auraient fait de cette œuvre l'une des plus génial de ces 40 dernières années si le rythme ne devenait pas plus lent par la suite.