Quand un grand auteur s’attaque à la caméra, on est en droit d’attendre du ratage, et l’on se prépare à l’indulgence qu’il faut avoir pour accepter les écarts d’un art à l’autre. Et puis il y a les grands artistes comme Éric-Emmanuel Schmitt dont les seules fautes sont les déformations professionnelles, comme des dialogues trop beaux pour être honnêtes ou une naïveté graphique un peu trop grande.


[Spoilers] Mais un bon scénario et de beaux personnages ne lui ont pas suffi : le manque de tact de Michèle Laroque dans son rôle, il va falloir qu’il l’explique, ne laissant pour mystère que la raison pour laquelle elle a attiré l’œil, autrement que par ses habits roses, d’Oscar, dont elle va partager les derniers jours à la manière d’autres films de chevet.


Schmitt forge les liens en écrivain, moulant les formes de son environnement à sa guise d’une façon qui serait plus convaincante entre des pages qu’en images, mais rien ne laisse présager sa maîtrise d’elles ni la confiance qu’il place en des effets spéciaux parfois majoritaires et servant à donner la couleur de chaque scène, remplaçant ce qu’il a l’habitude de confier à l’imagination du lecteur.


Oscar a 10 ans et toute l’image est au service de la sienne, en échange de quoi les rebondissements rapides de son intelligence enfantine la remplissent de poésie. Laroque est trop extraordinaire pour que le gamin passe pour autre chose qu’un précoce et talentueux faire-valoir, toutefois jamais leur relation ne frisera le ridicule de cette gêne sociale si dure à transcrire – surtout entre deux générations – ni n’avancera trop vite par pudeur ou par raccourci. L’auteur n’a pas besoin d’en faire trop pour s’excuser d’aborder un sujet dur, et il en cueille toute l’émotion avec justesse et empathie.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 2 nov. 2019

Critique lue 465 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 465 fois

D'autres avis sur Oscar et la Dame rose

Oscar et la Dame rose
CecileBarnex
3

Critique de Oscar et la Dame rose par CecileBarnex

Il faut lui reconnaitre de ne pas tomber dans le cliché du pauvre petit ange condamné, mais du coup le gosse ressemble à tous les autres gosses, vicieux, chiant, tête-à-claques et vindicatif, et tous...

le 18 mars 2013

2 j'aime

Oscar et la Dame rose
carladrd
5

Un livre, un film et une pièce de théâtre

Il y a quelques années, on m'a demandé de jouer un monologue du livre *Oscar et la Dame rose* d'Eric Emmanuel Schmitt. Pour aller plus loin, j'ai décidé de lire le livre : deux heures incroyables...

le 15 juil. 2019

1 j'aime

Oscar et la Dame rose
Emyrky
10

Beaucoup d'émotion

Après avoir lu le livre il y a longtemps et tellement apprécié, une histoire pleine d'émotions, bien écrite... Le film est également une belle réalisation ! Les personnages sont touchants, sincères...

le 13 sept. 2015

1 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime

1