" Vacances? Je ne connais pas ce mot! ", déclare OSS117 dans le reboot officiel de la saga d'André Hunebelle initié par le duo acteur-réalisateur Dujardin-Hanzanavicius.
Le nouvel OSS117 officiel canonique chercherait-il à faire oublier son plus proche prédécesseur, le film officiel indépendant OSS117 prend des vacances?


Il y a fort à parier, car le film de 1970 cumule un certains nombres de tares.


Le scénario d'abord, qui semble un brouillon sans arrêt retouché et qui restera obscur par endroits à défauts d'un synopsis clairs dans les petites lignes.
Pour faire simple: Hubert Bonnisseur de La Bath peut enfin profiter de vacances bien méritées et s'en retourne dans sa maison natale, où l'attendent sa mère, son frère et sa soeur, ainsi qu'une ménagerie des plus étrange aux noms de philosophes de tous horizons. Mettons que c'est original, dépaysant. Là-dessus, notre espion préféré va dans les écuries retrouver ses chevaux (?!!!) et .... se fait attaquer par lui-même, un sosie! Mettons que cela surprend le spectateur, que le thème du double plaît toujours. Le faux OSS117 se rend auprès de la famille du vrai avant de se faire attaquer par le véritable OSS117 et son frère et d'être mis hors-jeu. Sans transition logique, OSS117 part pour Rio où il retrouve un membre de la CIA et découvre que pour inquiéter des extrêmistes cubains, on a voulu l'envoyer en vacances et le faire remplacer par un double (?!!!!). OSS117, traqué par un tueur à gage, peut enfin enquêter et mettre à jour un projet diabolique digne de Max Zorin, consistant à détruire la population de Cuba à coups de mouches tsé-tsé. Le plan, jouissivement fantaisiste, rattrape le non-sens total des deux autres tiers du film mais arrive un peu tard pour que le plaisir se fasse sentir.


La mise en scène et le découpage ensuite.
Une scène de romance cernée de danger mortel, Hubert et la Bath's Girl sur une plage et .... le film laisse place à un panneau transparent décrivant en toutes lettres, bien que dans une langue et un style admirables, ce que le film nous a déjà montré... Une volonté de rappeler l'origine romanesque d'OSS117 ? Si oui, voilà une tentative bien inutile et assez ratée...
Les scènes et les plans se suivent dans une absence de continuité logique. "Tiens, on va parler à Monsieur", paf, les voilà déjà en train de parler avec l'homme désigner de loin. Le passage d'une scène à l'autre, d'une image à l'autre, est souvent brutal, abrupt, assez consternant. Certes, c'est un film français, certes avec peu de budget, mais un tel amateurisme peut laisser pantois...


Restent les acteurs et les actrices, peu habités par les personnages et les événements qui les occupent.
Succédant à Kerwin Mattews, Michel Piccoli, Frederick Stafford ou John Gavin, pour ne citer que ceux-ci, Luc Meranda (Châteauvallon, Hotel: chapitre 2) , star montante du cinéma italien des années 70, d'origine française, aujourd'hui antiquaire, alors à ses balbutiements dans le monde du cinéma, peine à convaincre ou ne serait-ce qu'à persuader dans le rôle du célèbre espion. Sa diction tient de la récitation monocorde, rappelant le Tintin de Talbot, et son jeu manque cruellement de vie et de conviction. Cela est dû à son inexpérience: il s'agit en effet de son premier rôle. Soyons indulgent donc même si l'on peut se demander les raisons du choix de casting du réalisateur.
Plus convaincante, Edwige Feuillère (L'Aigle à deux têtes, Olivia, La Folle de Chaillot), dans le rôle de la mère d'OSS117, apporte une touche d'humour qui tranche avec le marasme ambiant et qui infectée par lui, ne parvient pas à s'imposer, à trouver crédibilité.
Enfin, si votre serviteur a pu néanmoins voir le dernier tiers du film sans trop de déplaisir, c'est grâce à la belle et provocante Geneviève Grad (alias fille Cruchot dans la saga du Gendarme) et son interprétation nettement supérieure à celles des autres vedettes du film. Dans un rôle pourtant typique de femme asservie au méchant et délivrée par l'espion, elle parvient à donner une tonalité comique et érotique au film, ce qui permet au niveau de monter légèrement in fine. Une Bath's girl qui vaut le détour et qui justifie le pensum du reste du film.


En conclusion, un OSS117 resté à l'état de brouillon qui aurait pu donner tellement plus si les créateurs et l'ensemble de vedettes s'étaient un peu plus sérieusement impliqués dans le projet. Un film de vacances, de sable et de plage pour les spectateurs des seventies, l'équivalent d'un tube oublié dont les défauts sont devenus très voire trop visibles.

Frenhofer
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Sagas

Créée

le 17 avr. 2017

Critique lue 738 fois

6 j'aime

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 738 fois

6

D'autres avis sur OSS 117 prend des vacances

OSS 117 prend des vacances
greenwich
3

OSS 117 prend des vacances (1970)

Il s'agit d'un film d'espionnage mettant en scène un agent de la CIA : Hubert Bonisseur dit OSS 117. C'est une espèce de James Bond à la française. Le scénario est inspiré d'un livre de Josette...

le 25 avr. 2015

4 j'aime

2

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10