Other People
6.4
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Film de Chris Kelly (2016)

David, auteur en quête de succès exilé à New York revient dans dans sa ville natale de Sacramento afin d'accompagner sa mère dans sa lutte, perdue d'avance et annoncée comme telle dès la première scène du film, contre le cancer.

Malgré ce synopsis au combien joyeux et engageant, le ton du film n'est ni plombé ni larmoyant. Plutôt gai et mélancolique en fait, grâce à la sincérité du réalisateur et à la justesse des personnages. La première scène du film est assez représentative du ton du film : mort de la mère entourée de ses enfants et son mari et, dans le même temps, on entend un message banal d'une amie demandant des nouvelles de la malade tout en luttant avec un serveur de fast-food ....tout est là : la mort, une tristesse absolue, un décalage, de la joie, des incongruités quotidiennes... bref la vie dans ce qu'elle a de plus vaste, de plus ordinaire et de plus formidable.

David, superbement interprété par Jesse Plemons, a un énorme problème dans la vie (outre le fait de ne pas avoir encore rencontré le succès) : il est gay. Une fois de plus, notre alerte de poncifs cinématographiques s'emballe mais à tort car ce sujet est une fois de plus traité avec une justesse et une sincérité attendrissante car transparente. Je vous rassure tout de suite les poncifs sont bien présents : l'attitude du gay new-yorkais qui prend les locaux pour des ploucs finis, une relation fusionnelle mais contrastée avec sa mère, le père qui n'accepte pas l'homosexualité de son fils, son égocentrisme forcené, et ses soeurs qui sont trop connes ou trop jeunes pour comprendre les affres de la réussite d'un auteur new-yorkais. Step by step le réalisateur confronte David à sa propre connerie et à son apitoiement stérile face à un environnement qui lui évolue réellement et avance; les scènes de la drague au restaurant et de la chute de la mère sont assez géniales sur ce thème.

Un des points forts de ce film est sans conteste l'interprétation par Molly Shannon de cette mère condamnée : solaire, juste, digne, émouvante mais jamais larmoyante, elle incarne la véritable force de cette famille mais également sa pire des faiblesses à travers sa future disparition.

Voici donc une sympathique chronique douce amère, pleine de fatalité mais aussi d'espoir, jamais vulgaire ni putassière, quelque part entre American Beauty et Little Miss Sunshine mais qui n'atteint pas les sommets de liberté ou de cynisme de ces deux références du ciné indépendant américain.

JohnDeckard
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le 29 juin 2018

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JohnDeckard

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