Le Magicien d’Oz est l’un de ces films intemporels du 7ème art. Celui que tout le monde doit avoir vu au moins une fois dans sa vie, à l’instar d’Autant emporte le vent. Un long-métrage qui s’est vu dérivé en bon nombre de remakes, suites et prequels (le dernier en date étant Le monde fantastique d’Oz, de Sam Raimi et avec James Franco). En même temps, c’est maintenant Disney qui est aux commandes des droits du livre de L. Frank Baum. Et il faut croire que le studio aux grandes oreilles pensait déjà à exploiter ces nombreux filons en poche afin d’amasser de l’argent dans les années 80 (en même temps, ces derniers étaient en grande difficulté à l’époque). Qui décident aussitôt d’adapter les livres faisant suites à l’original. Tout en le surpassant ?

Alors qu’elle fuit l’hôpital psychiatrique dans lequel elle a été envoyée afin de mettre fin à ses histoires purement inventée, Dorothy (Fairuza Balk) se retrouve à nouveau projetée dans le pays d’Oz. Mais au lieu du monde accueillant et tout en couleurs qu’elle connaissait bien, celui-ci se révèle être en ruines et dévasté. En arrivant à la Cité d’Émeraude, Dorothy va se faire de nouveaux amis et ainsi découvrir ce qui s’est passé durant son absence : la malfaisante sorcière Momby (Jean Marsh) a pris le pouvoir et a causé chaos et désolation, mettant ainsi fin à toute la féérie qui régnait sur Oz. Dorothy devra donc aider les habitants à combattre la sorcière si elle veut rentrer chez elle.

Est-ce parce que Walt Disney Pictures était au bord de la faillite que le studio se voulait noir au possible ? Déjà le ténébreux Taram et le Chaudron Magique avait surpris tout le monde. Maintenant Return to Oz (titre original) ! Dès le début, on a l’impression de se tromper de film : le long-métrage nous place dans une sorte d’asile pour aliénés, sombre et peu rassurant, avec l’orage en fond, dans lequel une fillette va être lobotomisée. Suivrons par la suite un face-à-face avec une sorcière qui change de têtes (qui proviennent des habitants du pays d’Oz) quand bon lui semble ainsi que la rencontre avec le roi des gnomes, un monstre de pierre qui peut s’agrandir au point de dévorer nos héros, dans un décor fait de lave et de pics peu aguicheurs. Faut-il vous rappelez qu’il s’agit, de base, d’un film pour enfants ? C’est ce qui surprend grandement avec Return to Oz : après le tout mignon Magicien d’Oz, nous nous retrouvons avec un projet qui a de quoi effrayer les plus jeunes.

Et pour avoir un tel résultat, Disney n’a aucune excuse ! Le livre originel est peut-être aussi glauque que ce que nous montre le film (ne l’ayant pas lu, je ne peux vérifier cette hypothèse). Il n’empêche, l’oncle Walt lui-même n’avait-il pas « enjolivé » Alice au Pays des Merveilles ? Sans compter que Return to Oz fait suite à un film à l’ambiance bonne enfant, qui proposait toute une playlist musicale digne (justement) de Disney (alors que pour cette suite, il n’y a aucune chanson en vue) et des personnages hauts en couleurs. Ces derniers laissent ici la place à des protaginistes sans âme (un robot, une poule qui parle) et glauques (une citrouille sur pattes qui fait penser à Jack Skellington, une tête de cerf empaillée qui prend vie). Sans parler de l’apparition furtive des personnages précédents (l’Homme de fer blanc, l’Épouvantail, le Lion froussard), qui était bien plus charismatique dans le film de 1939 que dans cette nouvelle version du roman de Baum.

Après, une fois le côté angoissant et peu enfantin mis de côté, il faut bien avouer que Return to Oz a ce petit quelque chose qui en fait un film abordable pour les plus âgés. Malgré que l’héroïne soit une fillette naïve entourée de compagnons de route à l’esprit gamin, les adultes y trouveront leur compte. Notamment en ce qui concerne les détails techniques du long-métrage, en commençant par les effets spéciaux. Certes, ils ne sont plus de la première jeunesse mais font encore leur petit effet, notamment en ce qui concerne les costumes et les maquillages (car, si les nouveaux personnages n’égalent pas les anciens, leur animation est tout de même un régal pour les yeux). Pas étonnant que le film ait été nominé à l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1985 (remporté par Cocoon) ! Et puis, le scénario propose suffisamment de péripéties pour que l’on s’ennuie à aucun moment. C’est déjà ça !

Mais nous sommes très, très loin de la magie que nous offrait le cultissime film de Victor Fleming. Ce qui nuit grandement au plaisir que nous aurions pu avoir en assistant aux suites des aventures de Dorothy. D’ailleurs, le film aura fait face à un échec commercial cuisant, les parents préférant éviter de montrer ce long-métrage à leurs enfants à cause de son côté terrifiant, et ce malgré les gros moyens mis en œuvre à l’époque. Heureusement, les studios se rattraperont des décennies plus tard avec Le monde fantastique d’Oz, qui aura fait son effet en 2013.
sebastiendecocq
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le 4 sept. 2014

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