Pandorum
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Pandorum

Film de Christian Alvart (2009)

Ouvrez donc la boîte crânienne de l'espèce humaine...

Je considère ce film comme un des meilleurs films d'anticipation jamais conçus.

Peut-être que j'ai tort. Mon amie me dit que ce que j'y vois, jamais les auteurs n'ont dû l'imaginer. Pourtant le film est là, plastronnant ses réussites : acteurs et actrice remplissant parfaitement leurs rôles, belles et sinistres lumières sur des décors inquiétants et bien finis, maîtrise du rythme qui fait qu'on ne s'ennuie jamais, balancement redoutable entre scènes d'attente et d'action effrayantes, sans pour autant être malsaines ou inutilement sadiques. Mais surtout, un excellent scénario, dans la plus pure tradition de l'anticipation littéraire. Et si tout cela a échappé à l'intention des auteurs, alors il faut leur reconnaître un don fantastique pour la poésie.

Le comparer à Alien ne vaut que pour l'effet claustrophobique recherché. Mais Alien, auquel on voue un culte stupide et ridicule, ne présente aucun intérêt par ses acteurs (sauf l'excellente Sigourney Weaver) et n'offre aucune réflexion sur le devenir de l'humanité, alors que c'est la nature même des récits d'anticipation comme Pandorum sait le faire. Alien n'est finalement qu'un nanar vaguement cyberpunk qui a eu l'incroyable bol d'être à son époque le crush des élites culturelles. Pandorum est d'une autre noblesse de genre.

A qui voudrait découvrir ce film, je dirais : surtout ne lisez pas de résumé, tout vous sera dévoilé en temps utile. Tel les héros s'extirpant au début du film de l'obscurité et du silence de leur "renaissance" par les moyens dérisoires d'une lampe de poche et d'un générateur à manivelle (magnifique grimace de Dennis Quaid pour l'occasion) laissez-vous porter par l'inconnu et mettez de côté vos a-priori contre le genre, si vous en avez. Pandorum est une fable sur l'humanité, et sur son rapport à sa nature et à ses artifices. L'histoire est une effrayante et précise évocation de cette tragédie permanente que notre espèce schizophrène semble se jouer à elle-même, sans cesse à la recherche du sens de son existence. Survivre ou ne pas survivre ? Telle est sa question. Et quelle doit être l'humanité que nous souhaitons voir survivre ? Comment nous regarder ? Quel est le prix de l'immortalité de l'espèce ?

Entre deux scènes d'action impeccables, les explications fournies par des personnages comme sortis d'un conte de la mythologie grecque, sont autant de barreaux d'une échelle pour se hisser hors du trou. Mais profitez bien tout au long du spectacle car là encore, "le but, c'est le chemin".

Contrairement à ceux qui critiquent avec mépris en n'ayant vu qu'une partie du film, comme on croque dans un mets sans avoir faim, j'ai vu le film au moins quatre fois. Je le reverrai avec le même plaisir.

Edonor
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le 13 déc. 2023

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