La femme s'appelle Maurice

Premier film parlant d'Ernst Lubitsch sorti en 1929, Parade d'amour est aussi sa première collaboration avec Maurice Chevalier, le p'tit Français débarqué aux États-Unis quelques mois plus tôt. Comme dans Le Lieutenant souriant (1931) et La Veuve joyeuse (1934) tournés par la suite, le chanteur interprète un officier, doublé comme il se doit d'un impénitent séducteur.

Suite à de trop nombreuses frasques nocturnes parisiennes, le comte Renard est rappelé vers sa Sylvanie natale pour y être puni. Là-bas, il est reçu par la reine Louise, une monarque non seulement charmante, mais célibataire, qui oublie bien vite toute idée de punition. Naturellement, les jeunes gens tombent amoureux et se marient, au plus grand bonheur de la population. Mais rapidement, Renard se rend compte que son statut de prince consort - « beaucoup de devoirs et aucun droit », comme dit l'un des conseillers - lui pèse. Sans occupation au quotidien, et sommé par le protocole d'obéir aux moindres exigences de sa souveraine épouse, il envisage de reprendre sa liberté...

Lubitsch inverse ici les rôles du mari et de la femme dans ce couple royal, avec un Chevalier qui se fait trimbaler de cérémonie protocolaire en représentation officielle pour montrer son sourire et qu'on récompense par l'achat de beaux uniformes, et une Jeanette MacDonald qui s'occupe, seule, des affaires du pays, de la cour et de son ménage. De sous-entendus grivois en déclarations d'amour chantées, le duo formé par les deux vedettes fonctionne très bien, comme ce sera le cas plus tard dans Une heure près de toi (1932) et La Veuve joyeuse.

Le film est agréable et se regarde sans déplaisir, même s'il manque parfois de rythme (ou alors, il est trop long). S'il n'atteint pas les sommets auxquels Lubitsch confinera par la suite, ce Parade d'amour mérite amplement d'être vu, pour la charmante Jeanette - qui montre ses jambes, qui prend son bain, qui se balade en nuisette... ! - et l'impayable Maurice. Mimiques, canotier et délicieux accent français, les bases d'une brève mais très réussie carrière à Hollywood sont ici solidement posées.