Une comédie douce-amère sur l'immigration

Originaire du Maroc, Maya (Reem Kherici), une jeune styliste de la maison de haute couture Ritz, vit à Paris depuis vingt ans avec des titres de séjour et s'est parfaitement intégrée à la vie française. À l'approche d'un défilé de mode, Nicolas (Stéphane Rousseau), l'exigeant et impitoyable patron de la maison de couture, met en concurrence Maya et sa collègue Emma (Shirley Bousquet): la meilleure des deux stylistes emportera un contrat de travail à durée indéterminée.


Après une soirée trop arrosée, Maya est contrôlée pour conduite dangereuse par la police, qui découvre que son permis de séjour est périmé : elle est alors expulsée de France en moins de vingt-quatre heures, malgré l'aide d'un de ses amis avocat (François-Xavier Demaison) qui avait essayé de la séduire à plusieurs occasions.
De retour au Maroc, elle retrouve sa famille qui lui reproche de ne pas avoir donné de nouvelles depuis des années. Habituée à Paris à un train de vie parmi la jet-set, elle vit très mal son retour au Maroc, pays qu'elle juge arriéré et qu'elle méprise. Elle est par ailleurs en froid avec son père, à qui elle reproche de lui avoir caché la mort de sa mère. Quant à son frère (Tarek Boudali), il se moque de son snobisme en lui jouant quelques mauvais tours humiliants.


Après avoir tenté sans succès d'obtenir un visa pour retourner en France, Maya est abattue. Toutefois, le soutien de sa belle-sœur et de sa grand-mère lui permettent de garder courage. Elle continue à préparer sa robe de défilé avec l'aide de sa grand-mère et finit par trouver quelque charme au pays, aux paysages et à Mehdi, l'ami de son frère (Salim Kechiouche) Pour confectionner sa robe, elle s'inspire de motifs touaregs qu'elle a vus lors d'une promenade dans le désert.


Ma critique


J’ai bien aimé cette histoire d’une jeune femme qui se croit intégrée et se trouve brusquement confrontée au destin d’une immigrée lambda en butte aux stupidités de règles stupides. Prise dans le tourbillon de son métier, elle ne s’est jamais vraiment préoccupée de son statut et se trouve, du jour au lendemain, renvoyée dans un pays avec lequel elle n’a plus rien de commun. On rit des situations cocasses dans lesquelles elle se trouve tout en souffrant du racisme à l’envers qu’elle subit.


La bande originale de qualité composée par Laurent Aknin donne à ce film une dimension nostalgique bien en adéquation avec le propos doux amer de la réalisatrice. J’ai particulièrement aimé certains morceaux, comme Nocturne n°8, Lighthouse ou Révélatio
Maya croise plusieurs de ses connaissances en vacances au Maroc, et le mensonge qu'elle a servi à son employeur (un soi-disant accident qui la clouerait chez elle) est éventé. Mehdi finit par trouver un moyen de lui faire regagner la France : un faux passeport. Son amie Alexandra la récupère à l'aéroport et l'emmène au défilé où elle est censée apporter sa robe. Son patron, d’abord furieux contre elle, accepte in extremis de faire figurer sa création au défilé. Devant l'accueil réservé à la robe de Maya, et admiratif de sa combativité, il lui accorde finalement le CDI qu’il réservait à Emma et fait de Maya son assistante. Un épilogue situé un an plus tard montre que Mehdi l'a rejointe à Paris et qu'ils vivent en couple.

Roland Comte

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