La véritable histoire de la belle au bois dormant
Pedro est dans une bonne veine. Et quand il est dans cet état, il ne craint rien, il nous surprend, prend des risques, retombe sur ses pieds, et nous séduit toujours. Film curieux, sensuel, poétique et mortifère à la fois, un peu mélo mais pas trop, avec un soupçon de perversité, mais on aime quand c’est aussi intelligent, et toujours original. Le talent de rester entre rêve éveillé et phantasme. Même quand il nous parle du coma d’une femme jeune et belle, il arrive à rester en l’air, léger, et ne jamais perdre le rythme, soutenu, qui soutient sa variation sur la belle au bois dormant version adultes. Et pourtant l’histoire est abracadabrantesque, et on marche quand même. Avec quelques apparitions de luxe, (Pina Bausch, Caetano Veloso, Géraldine Chaplin), la classe. Pedro, maître dans l’art de la séduction, sans aucun doute, sans se départir de son humour parfois grave, souvent criard mais jamais glauque. Pedro qui filme les actrices comme pas un. Tout est dit depuis la première scène avec ce trio qui joue et danse à la fois, et l’homme sert de pivot aux deux femmes, libres et sans entraves elles improvisent. Beau ce Pedro, et on peut le regarder sans qu’il perde ni son charme, ni sa poésie. Après ça on va dire pourquoi il ne donne pas 10. Je ne peux pas donner 10 à tous les films de Pedro quand même, on va m’accuser de favoritisme. Et puis Pedro sait être grand et humble à la fois. Le mélo est un sous-genre, et il le sait, difficile de faire un chef-d’œuvre dans ce registre, sauf peut-être…