Twin Peaks
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Paterson conduit son bus dans la ville de Paterson. Tous les matins il prend sa boite déjeuner, décorée de photos de sa femme, et il se rend au dépôt des bus prendre son véhicule de la journée. Son voyage urbain le ramène en soirée vers sa femme et vers un petit bar où, laissant le chien à l'extérieur, il va retrouver des joueurs d'échecs et des amoureux éconduits. Cette vie simple, régulière, est génératrice de poésie, en ce sens qu'elle laisse la place à l'essentiel . Elle permet à notre chauffeur de bus de transformer des sensations en mots, de les rouler dans sa tête, de les inscrire quasiment tout chauds et comme parfaits dan son cahier. La magie du film de Jarmusch est de capturer cette symbiose entre vie et poésie. .
Gros retour en forme donc de Jim Jarmusch (probablement mon auteur préféré), après sa virée romantico-macabre chez les vampyres. On retrouve ici tout ce qui fait le charme du cinéma de Jarmusch, tout ce qui nous happe l'oeil et l'esprit depuis "Stranger than Paradise". Son cinéma urbain, ses virées lentes dans des entre-lieux qui donnent envie de flaner ou de s'asseoir par terre, sa bande-son flottante et hypnotique, tout ce qui fait la patte Jarmusch est bien là, une fascination pour l'image et pour ce qui porte l'image.
Paterson n'est qu'une semaine de vie quotidienne, répétition de petits drames et de petites scènettes. La sérénité quasi -zen de Adam Driver est bousculée par la joie de vivre de sa femme Laura (sublime Golshifteh Farahani) , par l'irruption de la vie des autres (une petite fille poête, un barman joueur d'écghec , un couple qui se défait, un chien bougon). Passée au tamis de sa sensibilité, ces images décantent et deviennent des mots, sans qu'il soit possible de prédire ce qui deviendra encre ou non. Pas de smartphone pour Paterson, en lien direct avec sa propre vie, sans intermédiaire numérique. (On lui sait aussi un passé de soldat, décoré, peut-être en Irak).
Il ne se passe pas grand chose à Paterson, mais des livres y sont souvent montrés (Infinite Jest, Williams Carlos WIlliams, Emily Dickinson, etc...), des noms y flottent au cours des conversations, petits hommage de Jarmusch à ses héros. Et des conversations dans le bus, bribes de vie. Aucun ennui dans cet opus, qui porte le temps avec une assurance totale et on adore chaque plan du film. Paterson se vit de l'intérieur, mais , à l'instar du touriste japonais de la fin, on peut venir de loin pour le visiter encore et encore. Superbe film, recommandé.
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le 16 janv. 2017
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