Twin Peaks
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Doucement mais surement, le monstre d'intensité qu'est le talentueux Adam Driver, impose avec puissance sa carcasse aussi singulière que charismatique, dans la psyché des cinéphiles que nous sommes, trop bien conscients depuis ses premières apparitions - notamment aux côtés de Lena Dunham dans Girls -, d'être face à l'une des futures next big thing du cinéma ricain.
Eastwood, Spielberg, les frères Coen, Baumbach, Abrams, Nichols hier, Scorcese, Gilliam, Soderbergh, Johnson et Carax demain; tous les plus grands cinéastes contemporains se l'arrachent, et ce n'est que justice.
Alors que l'année ciné 2016 s'apprête à tourner son ultime page, le voilà de retour dans nos salles obscures avec le nouveau long métrage du grand Jim Jarmusch, Paterson, passé par la case Croisette en mai dernier, dans la compétition officielle s'il vous plaît.
En prenant pour traits ceux du protagoniste principal, Paterson, chauffeur de bus aussi rêveur qu'attachant, Driver se fait l'outil hypnotique d'un cinéaste rarement aussi inspiré.
Par l'emploi du temps millimétré d'un grand dadet nonchalant et poète à ses heures perdues, Jarmusch s'amuse avec l'un de ses thèmes/obsessions chers (la répétition), pour mieux matérialiser avec ironie (Paterson s'appelle comme sa ville, chacune de ses journées sont différentes mais rythmées par les mêmes habitudes), sa vision du quotidien et son rapport étonnant à l'art.
Sublimant la banalité évidente de la vie, Jarmusch parle autant de son héros, Paterson, que de lui-même et même de notre propre existence, guidé par l'ambivalence de son interrogation sur les fondements de l'inspiration artistique (qu'il démonte pourtant par la présence du poète japonais dans le final, arguant qu'il est impossible de traduire la poésie).
En transcendant la symbolique de la gémellité jusqu'à son paroxysme par le biais de la poésie (Paterson est le fief de nombreux écrivains, le héros n'est lui-même que lorsqu'il griffonne sur son petit carnet), il fait de son protagoniste principal (Adam Driver, parfait, donne la réplique à une Golshifteh Farahani solaire), la personnification passionnée d'une contrée faussement morose mais à l'âme bouillonnante.
On pense évidemment à Stranger Than Paradise et (surtout) Coffee and Cigarettes, mais le brillant Jim Jarmusch fait surtout de son nouvel essai une expérience de cinéma extraordinaire et profondément métaphysique.
Du grand cinéma, beau et abouti, tout simplement.
Jonathan Chevrier
http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/11/critique-paterson.html
Créée
le 10 mars 2017
Critique lue 217 fois
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