Pendant la bataille
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Pendant la bataille

Court-métrage de David Wark Griffith (1913)

Griffith a toujours tenté vers le perfectionnement du 7ème art. Avec ce western qu’il tourne pour la Biograph, il mêle une intrigue secondaire (une mère (Lillian Gish) et son enfant) à l’intrigue principale : l’attaque du ranch où se sont réfugié deux orphelines par des Indiens. Il utilise tous les outils en sa possession pour ce film à gros budget – un blockbuster pour l’époque, tant par ses moyens que par son spectacle. Casting de stars, prises de vues innovantes (points de vus aériens notamment), et séquences de combats impressionnantes, le talent de Griffith n’est pas à démontrer, même si l’histoire semble être un support à son talent plus que le contraire, et l’intrigue secondaire un simple prétexte.


Néanmoins, il est difficile dans ce film, comme dans d’autres de Griffith, d’oublier le fond pour la forme, car sa vision des Indiens est extrêmement raciste : pour poser le caractère de ces personnages (joués par des acteurs blancs, comme c’est le cas à l’époque), il nous montre les Indiens faisant un festin presque orgiaque de chiens, parallèlement à l’affection des deux orphelines pour des chiots. Si l’époque de production du film est encore très proche de celle des évènements fictifs, d’autres films de la même époque montrent les Indiens de façon plus raisonnée : ainsi, blancs et indiens ne sont pas ni tous bons, ni tous mauvais dans Le dernier des Mohicans, de Maurice Tourneur, et dans La Caravane vers l’Ouest, ils apparaissent même comme victimes (non passives) de la Conquête de l’Ouest. Au contraire, le film de Griffith les fait apparaître comme des tueurs d’enfants. S’il ne faut pas non plus idéaliser les indiens, les peuples des grandes plaines des Etats Unis n’étaient pas particulièrement belliqueux ou cruels. Et il est impensable d’imaginer chez Griffith la situation inverse – un enfant indien menacé par des blancs. Mais pourtant il se place dans une longue tradition à Hollywood qui montrera les indiens comme un obstacle majeur à la prospérité des pionniers, des américains jusqu’en dans les années 50-60.


On ne peut toutefois nier la réussite artistique de ce film (que ce soit la réalisation innovante ou l’interprétation magnifique des acteurs) ni son impact sur le cinéma de l’époque (par exemple sur John Ford) et la poussée du cinéma par Griffith vers un accomplissement et une reconnaissance dans le monde de l’Art.

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le 19 août 2015

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