Tonton Steven nous parle du 4e pouvoir

Alors qu'on est tous dans l'attente de Ready Player One, Steven Spielberg suit l'air du temps et nous livre un film engagé sur les relations entre la presse et le président. Un film dans l'air du temps vu le président qu'ils ont et qui est une nouvelle version de l'affaire dite du Pentagnon Papers, où des journalistes ont dévoilé des dossiers secrets, soulignant les secrets d'états des administrations présidentielles (le premier étant un téléfilm avec James Spader). Le résultat est un Spielberg sympathique, mais un film bien plus intimiste que Spotlight sortie il y a 2 ans de cela.



C'est quoi un Pentagon Paper ?



C'est la grosse question. M Wikipedia nous indique qu'il s'agit d' une expression populaire désignant le document United States-Vietnam Relations, 1945-1967et regroupant 47 volumes et 7000 pages secret-défense émanant du département de la Défense à propos de l'implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam de 1955 à 1971. Bref, des documents vraiment confidentiels issus de l'administration. Le film parle non seulement de la rivalité entre le New York Times et le Washington Post, mais aussi sur la question du journalisme. C'est ce qui le rend plus intéressant que Spotlight dans la mesure où le film met au centre l'intégrité du journalisme. Et cela se traduit avec la vision de Kay Graham et Benjamin Bradlee. Ils doivent risquer à la fois les représailles du gouvernement, la survie du journalisme et aussi la liberté de la presse. Surtout Kay Graham est une femme à la tête d'un journal familial. Et c'est en ça que le film est intéressant car on pose la question, doit - on publier ou non ? Quels seront les conséquences. Mais aussi, il parle de l'aspect juridique et des risques de publier un tel scoop et la préservation des sources. Pour un film que je pensais mineur, le film est vraiment très complet dans son histoire et nous permet de questionner les personnages et leurs dilemmes. Tiens parlons-en des personnages !



Tom Hanks repart en guerre contre l'injustice avec Meryl Streep



On retrouve la figure du bonhomme juste mais à qui on ne la fait pas de Spielberg , Tom Hanks. On retrouve en son personnage Benjamin Bradlee la figure du personnage d'Arrête Moi si tu peux. Tenace, opiniâtre et qui croit au vrai journalisme indépendant. Il ne s'embarrasse pas de conséquences et tiens vraiment tête à Kay. Mais il est capable d'être cool et respecte bien les autres journalistes qui travaillent avec lui. Imaginez J,Jonah Jameson en vrai. Je le trouve cool comme personnage.


Kay Graham (Meryl Streep) est l'inverse de Miranda du Diable s'habille En Prada. Elle est plus maternelle et a hérité du journal familial. Bien qu'en manque d'autorité, elle a suffisamment de respect pour lui laisser le dernier mot. Mais même elle se rendra compte que le journal et la marche qu'ils ont opéré dans les derniers mandats les ont égarés du vrai journalisme. Surtout, ils sont devenus malgré eux le dernier grand rempart après la censure du Times. Un dilemme qui lui permettra de visuellement prendre sa décision dignement. Si vous êtes attentifs à la tenue vestimentaire de Kay, vous verrez une évolution subtile de son état d'esprit et surtout de son implication.


Ben Bagdikian (Bob Odenkirk) est le second journaliste important du Post. Bien plus modéré que Bradley, il n'en est pas moins vraiment impliqué au journal et à la transmission de l'affaire. C'est un peu l'équivalent de Joseph Robertson. Son calme et sa capacité à se poser font de lui un journaliste dévoué et vraiment posé sur ses postions.


Robert McNamara (Bruce Greenwood, 2e rôle de pouvoir après Kingsman) est ici le Ministre de la défense qui a des relations cordiales avec Kay mais qui est responsable de ce qui se passe au Vietnam. Il est conscient de la position du gouvernement et sur la presse et aussi sur Kay. Il lui pose vraiment un choix difficile et est conscient qu'ils vont s'engouffre dans une voie vraiment difficile sur leurs épaules.


Daniel Ellsberg (Matthew Rhys) est la source des Pentagons Papers, d'abord pour le Time et puis pour le Post. Il n'est pas particulièrement développé comme personnage mais sa présence est indéniable.


Les autres personnage sont assez secondaires mais on peut retenir Tony Brandelee (Sarah Paulson) qui est l'élément complice de Bradley, Roger Clark (Jesse Plemons) qui est l'avocat représente la sphère juridique. On a aussi la sympathique Meg Greenfield (Carrie Coon), journaliste mondaine (qui venait de publier un article sur l'anniversaire de la fille de Nixon). Les rivaux du Times et leur journaliste Neal Sheeran (et non Ed Sheeran), etc. Les personnages donnent assez bien vie à l'univers du journalisme.



Tonton Spielberg automatique ?



Oui et non. Si ce film n'est pas le mieux réalisé de sa filmographie, il arrive à donner vie à tous les aspect de l'affaire avec l'usage de travelling inspirés et quelques plans séquences vraiment bien placés. La réalisation n'est certes pas extraordinaire mais il donne un style qui le caractérise, à savoir, la présence d'enfants, la mise en valeur de tous les personnages, même les plus anecdotiques et le sentiment de ne rien négliger des aspects du film. N'importe quel réalisateur ne se focaliserait que sur certains aspects de l'histoire en les exploitant à fond, tonton Spielberg luui se focalise sur tous les personnages en les exploitant à fond. Bien sûr cela n'épargne pas au film d'être trop étiré en longueur et d'avoir un rythme très lent. Cependant, c'est nécessaire afin de bien mettre en place les enjeux du film et la situation du Washington Post (et d'exploiter un peu le New York Times). Bien sûr dès le 2e acte, on entre de plein pied dans l'intrigue et le film est plus intéressant. La musique de mythique John Williams est sympathique mais sans plus. Bref, une réalisation pas aussi marquante que le Pont des Espions (s'il faut comparer à un film récent et engagé) mais assez classe pour du Spielberg.



Un Spielberg intéressant



Quand je suis sorti du cinéma, j'ai cru à un Spielberg mineur. Finalement, s'il n'est pas un grand film, The Post ou Pentagon Papers est vraiment un film à voir si on n'attend pas à un film engagé du niveau de JFK. Plus enchanteur que Spotlight, je doute qu'il marquera les esprits mais il est en bonne place entre Amistad et Le Pont des Espions. A voir pour un final qui appelle à une suite qui n'est autres que les Hommes du Président d'Alan J. Pakula et l'Affaire du Watergate . Un visionnage très conseillé.

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le 1 févr. 2018

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Neo Cosmic

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