(Publié sur BENZINE)
Alors que les wikileaks et autre football leaks ont nourri l’actualité de ces dernières années, Steven Spielberg revient sur les premiers lanceurs d’alertes avec le scandale des « Pentagon papers », révélations faites par des journaux américains en 1971 (dont le New York Times et le Washington Post) sur le rapport McNanamara à propos de l’échec de la politique de l’administration américaine au Vietnam.
Alors que les marines périssaient dans le bourbier vietnamien, les divers présidents qui se sont succédé durant le conflit continuaient d’engager des forces américaines là-bas, jusque à ce qu’un collaborateur du pentagone subtilise des documents secrets et les transmettent à des journalistes.


Pas aussi réussi que Les Hommes du président (LA référence du genre), Pentagon Papers a toutefois le mérite de rappeler que les lanceurs d’alerte ne datent pas d’hier. Le film montre bien à quel point le journalisme de presse écrite a toujours été un précieux garde fou de nos démocraties, dénonçant les dérives politiques ou économiques quand l’occasion se présente.
Dans la forme, c’est du Speilberg sans grande surprise. C’est un peu moins académique que Spotlight (qui reterçait l’enquête du Boston Globe sur les scandales d’abus sexuels au sein de l’Eglise Catholique), avec une reconstitution très appliquée de l’époque avec des personnages filmés la plupart du temps dans des intérieurs : maisons ou bureaux de la rédaction du Post, donnant au film presque des allures de huis-clos.


Dans le fond, le film est assez consensuel tout en étant séduisant. Il interroge le spectateur sur la relation que la presse peut entretenir ou non avec les élites, sur sa dépendance économique aux banques ou aux groupes financiers ou encore sur l’indépendance de celle-ci envers et contre tous quitte à y laisser sa chemise comme c’est le cas ici… des thèmes toujours très actuels, en France comme ailleurs.


Côté acteurs, Spielberg est allé piocher dans nos séries préférées : Matthew Rhys (The Americans) mais surtout Bob Odenkirk (Better Call Saul, Fargo, Breaking Bad), toujours aussi génial, même dans un petit rôle comme c’est le cas dans Pentagon Papers.
Seul point faible, le personnage de Katherine Graham (Meryl Streep), la patronne du Post, pas toujours convaincante et présentée dans des situations souvent trop théâtrales qui alourdissent ou ralentissent le film.


Pas un grand Spielberg, donc, mais juste un film dossier honnête, qui rappelle l’importance du premier amendement de la constitution des Etats-Unis comme un clin d’oeil à l’actualité avec ce triste président américain remettant sans cesse en cause la crédibilité des journalistes.

BenoitRichard
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le 27 janv. 2018

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