Piqûre de rappel

Pour son examen, Steven Spielberg avait tiré un commentaire de texte de Thomas Jefferson : « La base de nos gouvernements étant l’opinion du peuple, le premier objectif devrait être de préserver ce droit ; et s’il m’appartenait de décider si nous devrions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un seul instant à choisir la dernière hypothèse. »
Il s’en tire avec les honneurs en rendant une copie sous forme de film. Pour tous les démocrates, les purs et durs comme les timides, c’est une piqure de rappel qui ne fait pas mal. Et puis, autour de tous ces hommes des années 1970, cravatés et fumeurs de cigares en tous lieux, c’est une femme magnifique, calme et sereine qui est à la tête de l’opération de sauvetage de la liberté de la presse. Un bon point pour le combat de l’égalité  homme-femme. C’est normal, c’est-elle la patronne puisqu’elle a hérité. Côté égalité riche-pauvre, c’est moins bon. On ne peut pas tout avoir… et puis ce n’est pas le sujet du moment. Un fort beau film auquel des esprits grincheux reprocheront peut-être que seul soit évoquée la peine des citoyens étatsunisens engagés dans cette guerre (première scène) que les dirigeants savaient ingagnable sans que soit jamais évoquée la souffrance des Vietnamiens. D’autre part, cette belle page de catéchisme ne se risque pas à mettre en scène les adversaires de la liberté : Nixon n’apparaît qu’en silhouette dans le salon ovale quand il téléphone et Mac Namara est présenté à travers l’image qu’il tentera de développer dans la deuxième partie de sa carrière mais pas tel qu’il était perçu à l’époque de l’action. Le manque de complexité des personnages et des situations confine l’action dans un univers manichéen. Au moins, tout le monde aura compris que c’est Trump qui est visé.