Au fils du temps

Pas forcement attrayant par son pitch type du «ça ferait un bon film» tout droit piocher dans la pile Faits divers. Sur ce point et dans sa sobriété extrême, Anne Fontaine signe là un film finalement très français.
Des personnages quelconques qui réagissent normalement à une situation dérangeante. Les mères rassurent en se raisonnant. C'est la force du cinéma français, touchant par sa simplicité les histoires parlent car elles touchent à la vraie vie. On pourrait ici s'identifier aux personnages.
Mais comme avec Monaco dans son film de 2008, Anne Fontaine choisit un cadre excluant. Le magnifique décor devient une barrière entre le spectateur et les acteurs, si bien que le film reste fiction et nous plonge jamais dans l'histoire. L'intrigue reste malheureusement focalisée sur le quatuor et l'oublie de la vie autour d'eux, conjugué aux ellipses assez ostentatoires, n'aide pas à s'approprier l'histoire.
Comment montrer la crainte du regard des autres, car il est question de ça dans leurs relations, quand il n'y a personne d'autre. Le mari de Robin Wright et le voisin célibataire sont bêtement relégués au rôle de figurant. Quand aux copines des gars le film finis quand elles sont amenées dans l'intrigue.
Un scénario mal ficelé car trop dispersé dans le temps, les sauts narratifs sont pas crédibles (Naomi Watts en grand-mère ?!) et passent à la trappe des passages intéressants (la rencontre entre les fils et leurs futures compagnes). Le film s'enferme dans un huis-clos et finit par raconter bien moins qu'il ne pourrait.