Pour camper Julia, le principal personnage de "Péril en la demeure", il a vraiment fallu que Nicole Garcia fasse confiance à son réalisateur, Michel Deville. Jouer nue, adopter une sensibilité provocante et même assez perverse... Qui aurait cru cela de la part de cette pudique actrice. Pas même elle, la mieux placée pour dire l'ambiguité que cela instaure : "Quand on se met nue dans un film, le personnage s'arrête et on ne regarde plus que l'actrice !".
Difficile toutefois de faire honnêtement le distingo entre la nudité de Nicole et l'exhibitionniste de Julia. Ce qui revient à saluer le talent de l'actrice, qui a donc réussi à se couler dans une femme à l'opposé d'elle-même.
Julia est ce qu'on appelle une femme fatale. Pour mieux semble-t-il oublier une fêlure intérieure, elle privilégie le plaisir sexuel, qu'elle donne l'impression de considérer comme "le bon plaisir". Bon ? Rien n'est moins sûr ! Car, en fait, ses jeux de l'amour débridés ne doivent rien au hasard. Ses rapports - au propre et au figuré - avec David, séduisant jeune homme choisi à la fois comme partenaire et comme prof de guitare pour sa fille, s'apparentent très vite à de la manipulation.
Le film aussi, car Deville prend un malin plaisir à nous déconcerter. Polar ? Chronique de moeurs ? Drame intimiste ? Rejetant jusqu'au bout toute explication, il multiplie les personnages un peu trop... Julia, déjà ciblée. David, un peu trop bohême et naïf : Christophe Malavoy, désarmant de candeur. Un tueur un peu trop amical : Richard Bohringer entre ambiguïté et incongruité. Une voisine un peu trop curieuse et fantasque : Anémone, trouvant là un de ses meilleurs rôles. Un mari un peu trop détaché de tout et indéfinissable : Michel Piccoli, bien sûr ! Une jeune fille un peu trop vite présentée comme une nymphomane : Annaïs Jeanneret, alors prometteuse révélation. Etres à part, contexte à part...
S'ajoutent des dialogues façon ping-pong verbal, des effets de montages rehaussant l'étrangeté des situations. Et on se dit que ce film est d'abord le bon plaisir de filmer de Michel Deville.
Au spectateur - voyeur ou non - d'y trouver - ou non - le sien !

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le 7 janv. 2016

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