James Bond est en vacances. Sous le sunlight de la Floride, il se rend au mariage d’un ami en parachute ; la routine, pour celui pour qui tuer n’est pas jouer. En effet, Timothy Dalton interprète ici pour la seconde et dernière fois le célèbre agent secret britannique, après avoir pris le relai d’un des visages les plus iconiques de la franchise, Roger Moore.
Mais évidemment, le séjour de Bond ne sera pas de tout repos. Franz Sanchez, trafiquant de drogue à l’envergure internationale et au visage aussi avenant que celui de Michel Constantin, s’évade, et sème la désolation derrière lui. Notre brun sauveur entreprend donc, une fois encore, le sauvetage du monde.
Difficile de juger cet opus avec nos standards actuels, surtout après la période Daniel Craig, sérieuse et dynamique. Ici, l’intention est de fournir un divertissement ; mais le sérieux semble, lui aussi, être parti siroter quelques cocktails, les doigts de pied en éventail.
Bond, une fois son permis de tuer retiré par M, décide donc de perpétrer une vengeance personnelle, bien aidé par ses facultés surhumaines. Comment, vous ne saviez pas ? Oui, ce cher James est un superhéros. Après l’avoir vu remettre en cause les plus élémentaires loi de la physique terrestre, comme la gravité, le doute n’est plus permis.
Nous parlons tout de même d’un homme qui, après avoir échappé à la mort sous les eaux, fracture, toujours sous l’eau, plusieurs côtes et masques de plongée. Puis, faisant du ski nautique derrière un hydravion ( sans skis, car cela est superflu ), il le rejoint, expulse les deux occupants, et se retire.
Permis de tuer est donc un film d’espionnage qui se veut avant tout récréatif, bon enfant. Parfois sérieux, il est vrai, lors de la séquence de torture employant un requin-tigre, mais surtout drôle, et conscient de son ridicule, comme dans la scène ou Franz interroge celui qui a laissé Bond s’échapper. Notre cher trafiquant est d’ailleurs un des bons points du film ; il reste crédible, accueillant, froid. Ses mises à mort sont certes rocambolesques, mais créatives.
Bond, lui, veut du sanglant. Son irresponsabilité ira même jusqu’à faire capoter un plan d’infiltration prévu de longue date : notre héros est donc loin d’être parfait.
Autre aspect difficile à appréhender au départ : les mœurs présentées à l’écran. Certes, James Bond est sensé représenter le summum du sex-appeal, de la classe, de la prestance ; mais de là à ce que la future mariée l’embrasse, au point que l’on se demande qui est finalement le marié, cela est un peu trop appuyé. D’ailleurs, mis à part Pam Bouvier, les personnages féminins restent largement anecdotiques, réduits à de séduisantes silhouettes impeccablement vêtues.
Scénaristiquement, les incohérences sont légions, rendant l’ensemble hautement bancal. Les raisons guidant les choix de l’ensemble des personnages sont aussi obscures que difficilement concevables. Tout est ici une excuse pour faire avancer le récit vers de nouveaux dangers, de nouvelles confrontations.
Alors quoi ? Mauvais film ? Non, film très différent. Le scénario a visiblement souffert de quelques réajustements, et le ton comiques, voire nanardesque ( l’attaque de ninjas sur Bond, les quatre assaillants le poursuivant sur une route, armes à la main ), peuvent dérouter. Mais le tout est amusant, bien mené, et divertissant.