Réalisation assez typique d’un certain cinéma de divertissement très populaire dans une grande partie de l’Asie, "Petaling Street Warriors" n’est certes pas un chef-d’œuvre impérissable. Toutefois, ce qui serait banal et assez conventionnel pour un public asiatique peut tout à fait, comme ce fut le cas pour moi, titiller la curiosité d’un public occidental peu au fait du genre. Outre l’exotisme, ce film offre une autre particularité : il est joué dans plusieurs langues. Si la réalisation est malaise (malaisienne ?), l’action se situe en Chine et on y parle surtout le mandarin ainsi que plusieurs autres dialectes.

Au début du XXème siècle, Du Yao, sa femme Li Chun et leur perroquet bavard vivent dans un quartier commerçant et tiennent une échoppe à nouilles. Les affaires marchent bien mais ils se font régulièrement rançonner par plusieurs gangs qui tiennent la rue et terrorisent la population. Du Yao est confronté à un autre problème, plus personnel : bien que marié depuis deux ans il est toujours vierge, son épouse refusant de céder à ses avances et le forçant même à porter une ceinture de chasteté, sous prétexte que la santé fragile de son mari ne lui permettrait pas de s’adonner à ce genre de plaisirs – la suite de l’intrigue nous apprendra que la raison en est tout autre. Commence alors une aventure, rythmée par des combats de kung-fu et des blagues en tous genres, dans laquelle il sera question de la succession de l’empereur Jianwen, d’une société secrète d’eunuques, d’une courtisane vendue aux Japonais, d’un officier britannique pédant et manipulateur et de diverses autres péripéties.

Le tout prend plutôt la forme d’une comédie, enrobée dans un humour assez potache aimant à jouer sur la dérision (un gangster exhibant son permis de société secrète), le sexe (la Maison du Kamasutra que Du Yao fréquente malgré sa ceinture de chasteté) ou les anachronismes (des apparitions de Bruce Lee et de Michael Jackson ou encore une allusion à une version chinoise d’Ikea). On notera par ailleurs que les Anglais sont particulièrement brocardés et tournés en ridicule et on relèvera une scène étonnante faisant apparaître le grand révolutionnaire Sun Yat-sen qui, le temps d’une parenthèse beaucoup plus réaliste au milieu de cette comédie fantaisiste, prononcera quelques paroles qui laissent deviner la suite de l’histoire chinoise telle que nous la connaissons. Un film sans prétention à voir pour avoir une idée de ce qui peut bien faire rire une grande partie du public malais et chinois.
David_L_Epée
4
Écrit par

Créée

le 17 mai 2014

Critique lue 164 fois

David_L_Epée

Écrit par

Critique lue 164 fois

Du même critique

La Chambre interdite
David_L_Epée
9

Du film rêvé au rêve filmé

Dans un récent ouvrage (Les théories du cinéma depuis 1945, Armand Colin, 2015), Francesco Casetti expliquait qu’un film, en soi, était une création très proche d’un rêve : même caractère visuel,...

le 20 oct. 2015

32 j'aime

Les Filles au Moyen Âge
David_L_Epée
8

Au temps des saintes, des princesses et des sorcières

Le deuxième long métrage d’Hubert Viel apparaît à la croisée de tant de chemins différents qu’il en devient tout bonnement inclassable. Et pourtant, la richesse et l’éclectisme des influences...

le 6 janv. 2016

20 j'aime

1

I Am Not a Witch
David_L_Epée
6

La petite sorcière embobinée

Il est difficile pour un Occidental de réaliser un film critique sur les structures traditionnelles des sociétés africaines sans qu’on le soupçonne aussitôt de velléités néocolonialistes. Aussi, la...

le 24 août 2017

14 j'aime