Petite joueuse
5.1
Petite joueuse

Court-métrage de Tamara Vittoz (2021)

Charge contre le jeu ou Défense et Illustration de l'égalité des sexes selon MeToo ?

Coeur, parce qu'on ne saurait dire que ce court n'y touche pas.


1, parce qu'il dénonce un jeu d'ado-jeune adulte débile à la mode, tant voté par d'autres courts-métrages de ce Festival Nikkon 2021. Parce qu'il dénonce les dérives du jeu
Un autre 1, parce qu'on ne boudera pas le jeu juste des comédiennes et des comédiens.


Mais pas plus, message MeToo oblige.
Mais coeur tout de même, tant ici, malgré lui, il auto-dénonce les dérives inégalitaires de la pseudo-contestation égalitaire.
Voyez plutôt cette effrayante hiérarchie des peines et des maux !
Deux hommes sommés par le jeu - nous dirons le jeu, comme certains protagonistes, pour ne pas dénoncer les réels coupables - deux jeunes hommes, donc, doivent s'embrasser goulument, y mettre de la passion. Il s'agit d'une sorte de double-viol néanmoins consenti par défi, en raison du jeu. Et on applaudit, réalisatrice comprise, puisqu'aucun focus n'est fait sur ses deux personnages, aussitôt à nouveau fondu dans la foule. On ne saura jamais ce qu'eux en ont pensé, les suites, les séquelles. Non, parce que ce sont des hommes.
La réalisatrice préfèrent s'axer sur une jeune Valérie à l'heure du naufrage, après avoir pris soin de mettre en scène une sorte de non-consentement. Et, lors, crime, abjection, sommet de l'insupportable, le jeu exige d'elle qu'elle retire sa chemise. Accessoirement, parce qu'on pourrait ressentir l'inégalité dans la gravité du gage, qu'un autre joueur lui touche la poitrine.


Je félicite ce film pour sa volonté de blâmer ce genre de jeu, même si l'on a toujours possibilité de ne pas y jouer et de changer de compagnie lorsqu'elle est mauvaise, même s'il plaît à certains tempéraments - rappelons que tous les goûts sont dans la nature et que les temps envieux d'une morale totalitaire choisissent de ne pas s'en rappeler.
Je félicite ce film néanmoins pour son appel à la pudeur, à la compréhension de la pudeur, même si son déséquilibre peut le faire paraître pudibond.
Mais je rejette de ce film ce côté féministe qui oublie que la pudeur n'est pas question de sexe et qui, MeToo oblige sans doute, en vient à juger plus grave un dénuement et potentiel attouchement (vite reculé, d'ailleurs) à un double viol mi-consenti mi-refusé (mais non verbalement, certes).


Peut-être vois-je le tableau noirci, qui ne se veut qu'une charge contre le jeu, métaphore aurevillyenne du social: un jeu dans lequel nul n'aime que l'on rappel que c'est un jeu, dans lequel ne pas jouer est un crime de lèse-société, dans lequel il ne faut surtout pas montrer le dessous des cartes. C'était mon impression première.
Peut-être le focus choisi n'est-il que maladroit et met-il à mal son propos réel. Mais en ces temps de lobbies et guerre des idées, ce genre de maladresse fait l'effet d'obus et couvre de boue.

Frenhofer
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le 10 avr. 2021

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