Un film qui nous guide à travers les prémices d'une histoire souvent triste mais aussi pleine de vie, d'humour et de compassion, de rudesse et d'harmonie, le théâtre de la vie. Alors quand le Roi se meurt et que le temps n'est plus immortel, ce n'est que la caresse de ses mains, la douceur de ses yeux, qu'il ressent. Cette lumière qu'il comprend, le portrait d'un amour fraternel, et cette image qui illumine bien souvent son âme devenue grise. Une petite sœur qui lui sourit, et ce frère qui patiemment n'attendait qu'elle, maintenant qu'ils marchent tous près l'un de l'autre, à la recherche de ce désir infini. Cette étoile qui donne l'énergie de faire revivre les mots, l'art d'espérer renaître parmi toutes ces scènes du monde entier.

Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, deux réalisatrices qui signent ici un film remarquable, une caméra qui a su livrer toutes ces émotions, sans artifices, de façon admirable. Quelque chose d'authentique dans la structure de l'histoire, à la fois simple et subtile. Toute la dramaturgie qui relie un frère à sa sœur. L'amour qu'ils se portent, toujours de façon sincère, sans jamais se dérober. Une force que tous ces personnages aux caractères expressifs, ont permis de rendre possible. Ce sentiment comme cette qualité cinématographique, qu'exprime notamment avec élégance Lisa ( Nina Hoss ) une femme qui lutte dans sa quête infatigable d'une passion qui guérit. Ces difficultés personnelles dans sa conception différente du mariage, et ses multiples questions sur le statut social de chacun. Une performance bouleversante et réaliste, devant ces nombreuses tensions émotionnelles qu'elle éprouve, et qui la transperce en plein cœur. Ainsi que Sven, son frère ( Lars Eidinger ) tout aussi remarquable dans son interprétation sur le corps et ses douleurs. Ces effets sur le psychisme, difficile et exigeant, dans son besoin de vivre pour le théâtre, et cette peur de ne plus pouvoir composer. Face à une mère ( Martha Keller ) qui le regarde de manière complètement désintéressée, ne voulant retenir de lui que le sublime de son passé, oubliant le présent, et cette carrière théâtrale qui s'effondre.

Tel des Jumeaux, Lisa et Sven semblent inséparables, malgré le contraste difficile qui ne les quitte jamais. Ce n'est que dans la création et l'amour qu'ils se portent qu'ils aiment s'imaginer exister. L'éveil qu'ils tentent de se rendre à chacun, c'est pour lui l'envie de la voir retrouver la source de l'écriture, et pour elle, celle de maintenir la flamme qui lui permettra à nouveau de brûler les planches. Quitter le froid glacial de ces chambres blanches, pour la ferveur et les couleurs d'un théâtre qui le hisse en triomphe. Croire en ce dernière acte, ne jamais s'arrêter de voyager, malgré la scène qui s'éloigne, comme une impossibilité à pouvoir toucher son propre rêve, et ce dévouement inlassable d'une petite sœur à son frère. C'est peut-être l'espoir d'une dernière représentation pour la vie.

Rolex53
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le 8 janv. 2024

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John Rolex

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