Vu à peu d'intervalle avec Rocky Horror Picture Show, Phantom of the Paradise a le bon goût d'en partager les qualités sans souffrir de ses défauts.
Brian de Palma a un message à faire passer, et y parvient admirablement.
Derrière des choix visuels saisissants, il place une critique acerbe du show-business et plus spécifiquement l'industrie du disque dans ce cas précis, sans chercher à en faire un réquisitoire crypto-rebelle.
Le propos est dur, direct, bref tout à fait franc. Et ça, c'est vraiment un très bon point.
C'est déprimant de voir à quel point la réalité de 2012 était déjà là en 75, mais c'est aussi rassurant que des gens avec de la notoriété soient là pour la dénoncer, même si ça ne change pas le monde.
Cette liberté de ton et ce côté droit au but, on les retrouve dès les premières minutes de film, dans la mise en place frénétique du personnage de Winslow.
Condensée en une dizaine de minutes, sa génèse est décomplexée, presque outrancière, encore une fois le réal ne fait pas semblant : il veut en venir à son récit, et les origines de son "monstre" ne sont là que pour mieux comprendre le propos principal.
Le decorum baroque (pour paraphraser Guitsby) (ou plus précisement rococo, me souffle Hypérion) et déjanté se marie à perfection avec l'ensemble, sans la moindre trace de "faux", bien au contraire.
On n'a aucun mal à y croire, et c'est peut-être le plus étonnant.
Dans la bande son là aussi, une efficacité redoutable.
Originale, omniprésente sans être saoûlante, elle constitue à elle seule un petit exploit, et un hommage vibrant à la Musique.
Je pense finalement que, sans être un détail, l'adaptation du mythe de Faust est à la fois tellement évidente et tellement naturelle qu'on ne se pose même pas la question.
C'est vraiment une utilisation intelligente de la mémoire collective, tant on est plongés facilement dans la trame grâce aux éléments plus ou moins connus par tout un chacun.
Impossible de prendre la pleine mesure du travail effectué sans tenir compte de la filmo du gars Brian.
Celui-ci est tellement en décalage avec ses sujets habituels, qu'on sent bien combien il lui tient à cœur.
Pour tout dire, cette passion se ressent tellement qu'on regrette un peu la relative brièveté du film.
Encore une bien belle contribution à ma culture de la petite liste Panda ;)
Je vous incite à le voir, sans hésitation.