Robin Williams est notamment connu pour des rôles destinés aux enfants (Hook, Jumanji, Flubber, Aladdin pour avoir doublé le Génie…) mais aussi des comédies « bien british » (Madame Doubtfire, Neuf mois aussi…). Mais d’autres nous révélé le véritable acteur qu’est Robin Williams, à savoir un comédien tout bonnement excellent lorsqu’il s’agit d’être touchant et sérieux à la fois, avec un naturel certain (je pense au Cercle des Poètes Disparus et à Will Hunting). C’est pour cela que voir cet acteur dans un rôle d’antagoniste en devient presque une obsession. Et c’est donc avec Photo Obsession que le comédien fit ses premières armes dans ce registre. (ATTENTION SPOILERS !!)

L’acteur y incarne Sy Parrish, un simple développeur photos dans une supérette, plutôt timide et effacé, qui, depuis des années, collectionnent les doubles des photographies des Yorkin, une famille qui vient faire développer leurs pellicules chez lui et qui symbolise pour Sy la famille parfaite, dont il souhaite un jour en faire partie. Pas un polar à proprement parler. Ni un thriller dans son ensemble (quoiqu’ici il est question d’atteinte à la vie privée). Mais bien plus un drame ! En effet, dès le début du film, on s’est que Sy fait quelque chose d’illégal et pourtant, on veut le comprendre. On le plaint. Un pauvre homme paumé qui fait tout son possible pour avoir sa propre famille : un sujet des plus touchants ! Je parlais d’antagoniste ? En regardant le film, on sait d’office que Sy n’est pas un mauvais bougre, qu’il n’a rien d’un méchant qui veut tuer tout le monde. Même au final, alors qu’il « tente de corriger un défaut » de cette famille (une histoire d’adultère du côté du mari), notre bon Parrish va aller jusqu’à menacer avec un couteau les deux personnes presque en plein ébat et les prendre en photos. Mais juste pour les effrayer et faire comprendre au mari qu’il a une famille exceptionnelle. Il n’y a donc rien de méchant chez Sy. Il se montre juste inquiétant une bonne partie du film (et son look n’aide vraiment pas), quand on ne sait pas encore ses véritables intentions (pourquoi garde-t-il ces photos, pourquoi s’intéresse-t-il énormément à l’enfant ?), jusqu’au peut-il aller pour atteindre son but (le final), s’il détient en lui une partie psychopathe (quand il menace son boss en prenant des photos de sa fille à son insu). Bref, un scénario travaillé comme il faut, avec un personnage grandement approfondi.

Et il fallait absolument avoir Robin Williams, tant l’acteur se montre (une fois de plus) grandiose. Car on a beau trouver notre Sy inquiétant et bizarre, le comédien fait tout pour que l’on s’attache rapidement à ce personnage. Notamment par le biais de ses expressions naturelles et surtout sincères. Si l’on regarde bien la carrière de Williams, on pourrait dire que Photo Obsession est le film de transition du côté des personnages. En effet, un personnage attachant et inquiétant, il passe du bonhomme de confiance (ses films précédents) au psychopathe pur et dur (Insomnia). Une transition donc que l’acteur arrive à masquer par son talent. Bien entendu, les autres acteurs ne sont pas des novices (je pense surtout à Connie Nielsen, rayonnante !), mais face à Robin Williams, ils ne peuvent rien faire !

Pour ce qui est du film, plus précisément, et bien il s’agit d’un excellent drame, superbement mise en scène (certains plans semblent issus d’un documentaire, comme les plans de nuit), avec une ambiance très prenante (qui renforce le côté paranoïaque que l’on devrait ressentir à l’égard de Sy malgré notre compassion) et une émotion omniprésente. Par contre, un léger point d’orgue du côté du rythme du film, bien trop inégal. En effet, malgré une certaine note de thriller (donnée par la mise en scène), le film vire pendant quelques secondes dans la normalité (la présentation de la photographie, par exemple) ou même dans la comédie (le défilé des habitués qui viennent développer leurs photos), le tout raconté par une narration qui n’a rien avoir avec l’ambiance générale du long-métrage. En clair, il s’agit de passages dont on se serait bien passé !

Mais fort heureusement, Photo Obsession est film réussi, qui peut compter sur son scénario, sa mise en scène et surtout son acteur principal. Après l’avoir, une seule requête nous vient à l’esprit : voir un peu plus Robin Williams participer à des projets d’une telle qualité et de le voir, lui, dans des rôles aussi travaillés. Un grand bravo pour ce film indépendant et au faible budget de 7 millions de dollars !

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le 21 août 2012

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