Entre deux de ses meilleures œuvres (Mais… qu’avez-vous fait à Solange ? et La Lame infernale), Massimo Dallamano a livré un polar passe-partout qui n’a pas franchement révolutionné le genre. Sa principale originalité est de se dérouler principalement à Londres (avec quelques séquences à Beyrouth et New-York) et d’être, par ailleurs, une coproduction italo-britannique. Sortant des habituelles ruelles de Rome ou de Milan, le film plonge dans le milieu des escorts et des prostituées de luxe. Tapisserie et moquette orange, mobilier en verre, fringues à l’avenant, on est au cœur des années 1970 et Massimo Dallamano semble plus intéressé à l’idée de plonger dans l’atmosphère psychédélique de l’époque plutôt que dans le monde interlope de la nuit qui a davantage intéressé les cinéastes britanniques. C’est un peu dommage car, en dépit des habituels éclairs de violence du genre, le ton semble toujours un peu décalé.


Le personnage de Mama la Turque en remet une couche. On a un peu de mal à prendre ce personnage au sérieux et on pense plutôt à une parodie qu’à un récit rude et glaçant comme les deux autres films du même réalisateur. Mais ce qui agace certainement le plus de cette production, c’est son scénario alambiqué. Le propos est assez simple : un agent infiltré dans un réseau de trafic de drogue s’échine à monter tous les acteurs les uns contre les autres et à récupérer une grosse somme d’argent pour partir se dorer la pilule au soleil avec sa bien-aimée. Mais à le visionner, le récit ne paraît pas aussi clair. Il faut bien une bonne demi-heure pour saisir les intentions du personnage principal et voir son plan peu à peu se faire jour. Quant aux trafiquants eux-mêmes, on ne peut pas dire qu’ils soient débordés par leur flair. Cela donne donc une histoire franchement poussive et, finalement, très convenue, dont l’épilogue se voit venir comme le nez au milieu de la figure très rapidement.


L’ensemble se suit cependant gentiment. Pour pallier les lacunes de son récit, le réalisateur se sert allègrement de la plastique de Stephanie Beacham (une actrice anglaise passée, notamment, par la Hammer) pour la filmer sous toutes les coutures dans le plus simple appareil tandis que la musique à grands renforts de cuivre signée Riz Ortolani fait merveille. Si la conclusion est convenue, elle reste bien ficelée et renvoie dos à dos tous ceux qui courent, coûte que coûte, après l’argent. Cela se tient mais cela reste un Massimo Dallamano plutôt mineur qui ne va pas tout à fait au bout de ses intentions. Ivan Rassimov, quant à lui, fait le job mais n’a pas le charisme de certains de ses contemporains.


Play-It-Again-Seb
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le 19 nov. 2025

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PIAS

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