L’avez-vous déjà ressenti ? Le frisson. Ce moment d’extase où plus rien ne compte que ce qui passe dans vos oreilles, et ce que vos yeux voient sur un écran ? Ce moment où tout votre corps tremble, pas de peur, ni de froid, mais d’émotion ? David Gilmour me l’a fait ressentir…deux fois.
La première fois, c’était en écoutant l’album Pulse, enregistrement du concert au Royal Albert Court lors de la tournée Division Bell en 1994. Un concert des plus dantesques, millésime au niveau des jeux de lumière avec un Gilmour au sommet de son art où chacune de ses prestations révélait du génie. Celui-ci était accompagné de Nick Mason et Richard Wright, les deux autres membres de Pink Floyd (Roger Waters ayant déjà quitté la barre depuis bien longtemps).
Mais voilà bien longtemps que Gilmour s’était posé. Après cinquante ans de bon et loyaux services à la culture musicale, le gars avait bien le droit de se reposer. Surtout après la mort de Richard Wright, son compagnon de toujours qui l’avait accompagné dans sa tournée en 2006 qui s’était achevé par l’incroyable Live At Gdansk. Bref, ça faisait bien dix ans qu’on entendait plus le guitariste à la Fender noir qui avait fait vibrer des millions de spectateurs avec des solos comme Comfortably Numb ou encore Time.
Et puis le gars revient avec un album, Rattle That Lock, que je n’ai pas écouté. Puis il est revenu avec une tournée mondiale, que j’ai raté. Puis son concert Live At Pompei est passé au cinéma le 13 septembre dans les salles du monde entier. Et moi, comme un con, j’ai encore raté ce truc. Alors là, j’en avais marre, à la première occasion, je suis allé acheter le concert, je suis rentré chez moi, et j’ai foutu le disque dans mon lecteur, j’ai fermé les volets, je me suis foutu dans le noir, et j’ai vu Gilmour faire son show !
Et putain ! Quel SHOW !!! Tous ce que je craignais, c’est qu’à l’âge de soixante et onze ans, David Gilmour soit fatigué, qu’il peine à retrouver les envolées lyriques qui avait fait son succès au sein des Pink Floyd. Mais dans l’effet, sa voix est toujours aussi belle, et il joue toujours comme un Dieu. Et pendant deux heures et demi, Gilmour m’a prouvé qu’il était encore capable de me surprendre. Que même sans son grand ami Richard Wright, il avait encore des choses à offrir, de l’émotion à transmettre. Putain, qu’est-ce que j’aime Gilmour !
Déjà, le concert à lieu dans une arène de Pompei, un décor magnifique. Gilmour et son équipe usent des meilleurs effets visuels pour offrir des jeux de lumière des plus spectaculaires au point que même dans ma chambre devant ma télé, j’ai été happé par tout ce talent de mise en scène. C’est notamment dans la seconde partie du spectacle avec des morceaux tel que Run Like Hell ou Comfortably Numb que la mise en scène atteint son apogée.
Un peu comme pour Pulse, le concert démarre tranquillement. La majeure partie des morceaux chantés en ce début de concert, c’est du Gilmour pur et dur, avec ce qu’il y a de bon et de mauvais. Des solos toujours aussi divins, mais des rythmiques pas toujours au rendez-vous et des paroles pas vraiment marquantes (ceci dit, ça fait quarante ans que Gilmour s’évertue à dire que sa faiblesse, c’est l’écriture des paroles). Bien que certaines chansons soient passables et pas vraiment marquantes, certaines arrivent à surprendre notamment le magnifique Fat Old Sun ou l’excellent In Any Tongue (et c’est toujours marrant d’entendre le jingle de la SNCF dans Rattle That Lock).
Mais bon, si on regarde un concert de Gilmour (ou de Roger Waters), c’est surtout pour les chansons qui ont fait le succès des Pink Floyd. A savoir, Wish You Were Here, Time, Coming Back To Life, High Hopes, Money et surtout COMFORTABLY NUMB! Gilmour arrive à réinventer ses chansons en leur donnant un nouveau souffle. Les interprétations sont à la hauteur du génie à la Fender noire.
Je trouve ça aussi ingénieux de sa part de ne pas avoir interprété Another Brick In The Wall. Si on connaît l’histoire de Pink Floyd, cette chanson était écrite par Waters et Gilmour n’avait pas vraiment eu son mot à dire sur l’écriture de cette chanson (comme presque tout l’album The Wall en fait). L’interprétation de Gilmour sur Another Brick In The Wall lors du concert Pulse n’était déjà pas énorme, je pense qu’il a bien fait de ne pas l’interpréter une nouvelle fois (tout comme Hey You).
Mais si j’ai acheté ce concert c’est surtout pour une chanson (et enfin j’y viens), c’est Comfortably Numb ! Cette chanson, c’est à mes yeux ce qui s’est fait de mieux dans l’histoire de la musique ! Tout dans cette chanson révèle du génie, que ce soit les paroles, les mélodies, les deux solos, c’est incroyable. Et comme Gilmour modifie constamment le solo en fonction de ses tournées (il doit bien y avoir une dizaine de versions différentes de la chanson), j’attendais cette version avec impatience (et comme par hasard, c’était la dernière chanson du concert). Alors est-ce que cette nouvelle version de Comfortably Numb vaut la peine ? Oh que oui.
Incroyable, c’est le mot qui me sort à la bouche. Juste parfait. Cette version est probablement l’une des meilleures que j’ai entendues avec celle du Live8 et de Pulse. Les lumières sont magnifiques, le son est au top et Gilmour revisite sa chanson avec justesse. J’ai rarement entendu quelque chose d’aussi divin musicalement parlant. Et encore, j’ai vu ça dans ma chambre avec les enceintes branchées, qu’est-ce que ça aurait été au cinéma ? C’est dans ce solo final où ce frisson dont j’ai parlé en début de critique m’a traversé et où je me suis dit « à cet instant, je me sens bien ».
Et là, les dernières notes s’achèvent, les lumières s’estompent, et Gilmour range sa Fender noire avant de remercier le public excité et complètement ravi. A de nombreuses reprises, j’ai failli applaudir avant de me rappeler que j’étais dans ma chambre, et que ça aurait servi à rien. L’expérience musicale que m’a offert Gilmour était unique, intense et à la hauteur du génie qu’il est. Alors bon, je l’ai dit déjà pas mal de fois, mais ce concert ne fait que confirmer mon avis : Gilmour est le plus grand musicien que la Terre nous ait offert. Et son œuvre, je suis pas prêt de l’oublier.
Gilmour est un génie et ce Live at Pompei en est la preuve.

James-Betaman
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le 8 oct. 2017

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