La légende murmure que les rares personnes qui ont vu ce film en salle - il est sorti en distribution limitée aux états-unis et on ne parle même pas du reste de la galaxie - n'en sont jamais ressortis indemnes. On parle de cancer du cerveau, lésions cérébrales inconnues, troubles neurologiques divers, tassements de la colonne vertébrale, démence et j'en passe et des meilleures.

Du au trop faible nombre de spectateurs, on a pas pu établir un rapport de cause à effet hors de tout doute sur la base d'un panel suffisant. Alors tout ce que je vous dirais à son sujet ci-dessous doit être considéré avec la prudence légitime que devrait engendrer en vous cet avertissement honnête mais circonspect.


Pour en venir aux choses sérieuses, les cinéphiles d'entre vous auront reconnu l'inoubliable Michael Dudikoff des fameux American Ninja. A l'époque ou sévissaient les pathétiques JCVD dans des trucs comme Cyborg ou Kurt Russell et Stallone dans des films à l'esthétique homo-érotique, le cinéma d'action se mourrait tranquillement. Bien sûr les péquenots parleront d'âge d'or en pensant aux années 80, mais soyons honnêtes avec nous-même, ces gens confondraient la plume de Shakespeare avec celle de leurs improbables conjointes pour leur liste de courses.

Non, les vrais, toi-même tu sais, écoutaient des films d'Homme Viril. Eux - les vrais - savaient que si Steve James vivait encore, il mâchouillerait les minuscules testicules de 50 cents comme de vulgaires chewing-gums tout en faisant trois cent pompes d'un seul bras. Et Dudikoff, sérieux, il rappellerait à Chuck Norris que les arts martiaux d'exhibition c'est bien sympa, mais ça ne se compare en rien aux techniques ninja. Mais je m'égare.

Platoon Leader est basé sur le livre d'un type qui a fait le Vietnam, et pas comme simple troufion planqué aux approvisionnements comme certains réalisateurs qu'on connait, mais comme officier de combat. Comme le brave homme oublia d'être con il connu une brillante carrière judiciaire qui l'amena à faire valider en cour suprême une condamnation à la peine de mort (et ouais, son nom est maintenant pour toujours dans certains gros dictionnaires de droit, pas comme toi, ami lecteur qui gâche ta vie sur d'improbables sites internet) puis à occuper quelques autres gros postes où il mène la vie dure à la racaille (marque déposée).

Et Platoon Leader nous raconte essentiellement qu'on ne fait pas (uniquement) des meneurs d'hommes dans les livres, mais aussi et surtout dans la chaleur de l'épreuve. Et ouais.

Platoon Leader le film, nous raconte sensiblement la même chose avec un talent et une prose qui confine à l'aérien, grâce au budget qui a permit de louer des hélicoptères bidons dont on nous fait croire qu'ils sont ceux qui ont servi à transporter les p'tits gars au combat. Seulement voilà, on ne me la fait pas à moi, j'ai vu Nous étions soldats, je sais reconnaître la différence entre un hélicoptère de transport de troupes et un transporteurs de palettes de chocolat retapé. Non mais.




Et le film ?



Eh ben ami cinéphile, je sais pas si tu as vu American Ninja, mais tu sais sans doute qu'on s'en sert dans les prisons américaines dans les états où la peine de mort n'est plus autorisée. Visionnement obligatoire pour les pédophiles et les tueurs de flics et si ils ne se suicident pas au bout d'un mois, ils ont mérité de continuer avec la prison à vie. Et ouais, on déconne pas outre-atlantique.

Alors avec Dudikoff comme héros et Breton Film Productions aux commandes, on pouvait espérer la fin du monde sur pellicule.

Mais non.

Et rien que ça, ça fait déjà cinq sur dix. Ensuite, on a une petite scène géniale où un sergent (vétéran), un adjudant si tu préfères, envoie vertement chier son nouveau lieutenant qui essaye de prendre les commandes en suggérant des conneries. Ça aussi ça mérite un point, parce que bon, faire chier son lieutenant en vrai de cette façon c'est quand même un bon moyen de se faire envoyer en mission de reconnaissance dans le champ de mines le plus proche.
Mais enfin, il faut simplifier pour tous ces pleutres qui on l'outrecuidance de ne rien entendre aux affaires militaires alors qu'on vous a sauvé le derche à la deuxième guerre mondiale et toussa. Passons.


Bref, Platoon Leader est un film incroyable que le manque de budget n'a pas permit d'envoyer l'équipe de tournage en Asie, mais en Afrique si, ce qui prouve qu'il y avait au moins assez d'argent pour ne pas s'abaisser à faire un tour chez les latinos. Je tiens à le mentionner, parce que les films avec des arabes joués par des mexicains ça commence à me faire verdir. Alors j'imagine la tronche des vietnamiens qui reconnaissent Guadalajara entre deux prises de vues de la supposée Saïgon. Et malgré ce manque de buget, autre point bien mérité, on se croirait un peu au Vietnam quand même, avec des forêts tropicales qui ressemblent quand même à de la forêt vietnamienne. Vous allez me dire, je vous connais vous pinaillez tout le temps, y'a pas que de la forêt qui se fait passer pour de la jungle au Vietnam, seulement 30%, y'a aussi des montagnes.

Eh, qu'est-ce-qu'on y peut, moi, Oliver Stone et tous les autres si les américains se sont battus entre le Sud et le Nord Vietnam ? Fallait monter cent kilomètres plus haut, on aurait eu autre chose que du kaki pendant des kilomètres de pellicule. Anyway, un arbre c'est un arbre, et Platoon Leader résume bien le problème avec les gros arbres : ils permettent de cacher des putains de bataillons de nord-vietnamiens sous-alimentés complet derrière eux. Et Dudikoff il envisage vite de prendre des sous-vêtements de rechange dans le film.


Alors dans le film il y a tout : un officier trouillard et heureux de se barrer, des noirs rigolos mais qui meurent (+1), du sergent à moustache qui chique, des vietnamiens invisibles (ça coûte moins cher en mexicains), des put ... des civiles vietnamiennes que voudraient bien protéger les américains mais qui vont se faire écorcher par les nord(e)s si elles coopèrent (+1), beaucoup de mitraille et même - ne spoilons pas la fin - une espèce de happy-ending, compte tenu des circonstances. Attention, hein, pas d'espérances trop élevées, c'est le Vietnam et on est pas avec cet enfoiré de Braddock, les américains perdent avec le style qu'on leur connaît. Enfin pas dans le film, parce que ça coupe avant, mais bon. Et puis anyway, vous savez que le scénariste est resté vivant pour écrire son putain de script, faites pas les vierges effarouchées parce que j'ai vendu la mèche. Si ça peut vous consoler, y'a pas que des noirs qui meurent chez les gentils. Enfin, ça va peut-être vous déprimer.


Pourquoi, vous demanderez-vous, faudrait-il voir ce film ? Bon, je sens que je n'ai encore convaincu personne. D'abord parce que Michael Dudikoff. Il faut encourager la partie humainement acceptable de la carrière de ce pauvre homme. Si un Tom Hanks et un Spielberg l'avaient pris sous leur aile, ce type tuerait encore du méchant avec son sourire colgate de nos jours. Ensuite, parce qu'un film écrit par quelqu'un qui a vraiment envoyé ses copains mourir, c'est quand même mieux que les délires post-cocaïne d'un cinéaste à la mauvaise conscience, d'autant que le bouquin déborde d'humanité et d'intelligence, ce qui ne surprendra personne j'en suis sûr. Pour finir, et je gardais mon meilleur argument pour la fin, Aaron Norris, c'est le frère de l'autre. Si, si. Il a servit comme sergent pendant trois ans au Vietnam et perdu un troisième frère là-bas, d'où sa motivation à mettre en scène le script de l'autre. Un Norris qui fait quelque chose de bon au grand écran, sacrebleu, ça vous donne pas le goût de vérifier si je fais que divaguer ? (+2)

Ah et puis zut.

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le 29 déc. 2010

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zeugme

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