Pleasantville
7.2
Pleasantville

Film de Gary Ross (1998)

Les goûts & les couleurs, vous savez..

On a affaire ici, en effet, à un film qui divise.

Tout d'abord, prenons le premier thème abordé dès le début du film : le monde, c'est de la merde, c'était beaucoup mieux avant. Thème faussé par la suite, avec l'abolissement des vieilles moeurs, des traditions familiales ancestrales du genre "Femme où est mon dîner ?!", etc., ou l'ouverture d'esprit relative à l'art, au sexe, à l'aventure. Bref, on pouvait toutefois s'attendre à une opposition plus poussée sur les différences entre présent/passé. Fort heureusement, l'habileté à manier les transitions entre ces deux espaces-temps est réussie.

Par ailleurs, l'image est un sujet très puissant dans ce film. Les gris de la morosité & de la banalité répétitive laissent place aux explosions colorées pleines de fougue fantaisiste. L'affrontement entre partisans du noir&blanc & rebelles de la couleur new-generation aurait pu aboutir sur des chemins très intéressants (métaphores du racisme, de l'intolérance, de l'incompréhension primitive, rejet de l'art, des nouvelles expériences, etc), mais on reste assez gentillet, & même si ça peut paraître décevant au premier abord, on se rend compte que c'est mieux pour ne pas bouleverser l'esprit général du film.

Parlons du film, globalement. Tobey Maguire, très convaincant durant la première moitié du film, peine à se faire respecter vers la fin, son personnage devenant caricatural & mielleux. Dommage, car il aurait pu s'agir de l'un de ses meilleurs rôles. Reese Witherspoon possède un rôle assez neutre, ce qui est décevant puisque son personnage semblait au départ être un élément clé de la transformation de Pleasantville. Presque tous ses rôles au cinéma sont d'ailleurs limités (dans le même style, American Psycho, où son statut de secrétaire excellemment interprété aurait pu aboutir à une carrure plus prestigieuse). Jeff Daniels, excellent, rien à redire. Son visage, comme d'habitude, laisse transparaître toutes les émotions nécessaires à une bonne compréhension du personnage.
La réalisation est impeccable, rien à redire sur ça. Les effets spéciaux de transitions entre le n&b & les couleurs sont remarquables, un gros travail caché derrière une idée simpliste, on ressent nettement l'effort. Le tout est posé sur une bande-son parfaite, je recommande d'ailleurs l'audition des soundtracks ! Très gros effort aussi sur l'ambiance 50's dont le délicat parfum se pose doucement dans nos esprits lors du visionnage de ce film : l'univers coloré de la fin est d'ailleurs un choc visuel, tant notre regard s'était habité à ces gris mornes & sans saveur.

Conclusion : un 7/10 pour un film peu connu dont le travail est immense, mais dont la morale finale reste un tantinet décevante. Il reste cependant un très agréable divertissement, & l'occasion de découvrir Tobey Maguire sous un angle différent de ses rôles habituels.
Satané
7
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le 8 oct. 2011

Critique lue 643 fois

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Satané

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