Poème mécanique

Homme du futur, au missile mécanique,
Je file
Dieu Lui-même a du mal à me suivre
Je file
Les gens debout, les visages flous, les virages, la poussière et la boue
Dans ce pays qui défile,
Je file

Je m'hypnotise, me shoote à la Soul, du speed qui aiguise,
Te fais pas de bile, je maîtrise
Je file
Les phalanges blanchies
soudées au volant,
Fendre la bise,
Plus vite que le vent,
Je file

Droit devant quand c'est possible.
Je file
Je joue des coudes et je déboule,
Je file
C'est pas difficile,
je suis un mec agile

Je file en aiguille
dans la zone rouge du compteur
j'entends la foule zoolithe crier mon nom
Je file.

Vois le sillage sur la route,
les traces de mes pneus sur l'asphalte,
indélébiles,
Je file

Le ciel pour plafond,
le gazoline chatouille mes narines,
Ma cible, c’ est l’horizon
Je file

J'enlace l'amphétamine
qui me caresse, vif
comme craché d'une carabine,
Je file

Guerrier paisible,
sans subterfuge, sans faux-fuyant
sans entrave, sans attache,
Je file

Ils peuvent vitupérer, vilipender,
je suis un traîne-potence
Absorbé par mon rêve,
l'adrénaline pour pitance
Je file

Une arche de Noé insectoïde sur mon pare-brise
Je file
Coller à la route, embrasser la main de Lucifer
en adieu à ce monde marcescible
Je file

Quand j'entrevois l’issue finale,
mon point fatal,
Je file

En aiguille,
Me ficher comme un ange
Je pile

Merci et 1000 baisers à Madame Chanita pour toute l'architecture