Le sujet est bien certes, mais le sujet ne fait pas tout.

Scénario
Le scénario est absent, aucun enjeu, absence d'empathie, des personnages qu'on développe trop pour pas-grand-chose et d'autre qu'on ne développe pas assez. Je prends comme exemple l'histoire d'amour entre la réalisatrice et Monsieur Star (oui, je n'utilise pas leurs noms de scène, car je n'ai pas l'impression qu'ils jouent un personnage.) Cette histoire ne sert strictement à rien. Contrairement à Iris qui aurait pu être le centre du film (car elle en est la fin). Le développement de son histoire est bâclé. Le plus gros souci, cependant, reste le club de vacance bipolaire qu'est la BDM. Le film essaye tantôt de nous faire comprendre que c'est une équipe désabusée par les drames barbares quotidien et puis tantôt se morfond pour certains cas, même par moment, j'ai eu l'impression qu'ils découvrent leur métier. Le sujet est LOURD et des plus sérieux, je ne comprends pas pourquoi il a été aussi mal traité. Trop de personnages dont on se balance et qui n'apporte rien à la trame, même pour illustrer le quotidien de la brigade.

Réalisation/Photographie
J'ai rapidement deviné que l'actrice qui interprète le rôle de la photographe était la réalisatrice. Je lui suggère de rencontrer de vrais photographes et si un jour lui prenait l'envie de se mettre à cette profession.ll serait alors fort conseillé de se sortir les doigts du cul et de ne pas stéréotyper cette profession en bobo introverti. C'est vraiment symptomatique de la réalisation globale de ce film.
J'imagine qu'il y avait la volonté de donner un coté « reportage », mais c'est vraiment loupé.
Mais quelle idée de vouloir faire des plans aussi rapprochés ? Des visages mal cadré non-stop ! Il doit y avoir 3 ou 4 plans d'ensemble au total et il faut malheureusement attendre le dernier tiers pour les apercevoir et enfin respirer après l'enchaînement de composition oppressante que représentent 90 pourcent du film. Je trouve que c'est extrêmement mal réalisé, beaucoup d'erreur de champs contre champs (alors que ça reste la base).
Certes, la colorimétrie est correcte, mais les cadrages sont catastrophiques. Les scènes de groupe sont désorganisées, il n'y a rien d'esthétique. J'y vois plus des erreurs qu'une démarche artistique. J'imagine qu'il y avait une envie d'être à mi-chemin entre zone interdite et un feuilleton france-2, pas de bol, c'est vraiment loupé... Le point le plus négatif du film.

Jeu d'acteur
Les enfants jouent tellement bien que je me demande s'ils n'ont pas été réellement maltraités pendant la production. Je sais, c'est horrible ce que je dis, mais j'ai vraiment été saisi par leurs émotions. Contrairement au reste du casting qui n'arrive même pas au niveau de plus belle la vie. Tous sauf l'actrice de la scène de la fausse-couche et le mari d'Iris lors de son unique scène également. (mention spéciale pour la personne d'origine asiatique qui a eu le rôle le plus inutile du film)

Mise en scène
Concernant la mise en scène, avec tous ses plans hyper proche, le décor n'a sa place à aucun moment. C'est pauvre, répétitif, j'ai l'impression qu'on s'est contenté du strict minimum toutefois ça ne m'a pas sorti du film pour autant. Le placement des acteurs lors de scènes de groupe est chaotique, peut être pour donner un coté réaliste ? C'est loupé.

Montage
Le montage et les cuts, c'est une catastrophe...
On a une sensation d'empilement. 'Vite, il faut plus de drame, encore plus, on devrait pouvoir cut juste après qu'il ai fini sa phrase ça nous fera gagner 4 secondes et mis bout à bout, on devrait pouvoir ajouter un autre cas de violences. Cette manière de monter est beaucoup trop flagrante. Ça me sort du film. Et je trouve ca assez malsaint.

Musique
Tout comme la brigade, la musique est bipolaire, pas mal de scène gênantes sur des musiques en mode feel good (Une mention spéciale à la scène de danse dans le bus avec les petits enfants roumains, sexuellement abusés... Nan, mais on est ou là ?), c'est totalement hors sujet. Le reste de la musique est certes passe-partout, mais qui accompagne le drame de manière correcte. À la base, je voulais mettre 4, mais la scène du bus en a fait autrement.

Les moins
Ce film est saturé de toute part et est oppressant, de par son fond et surtout sa forme. On pourrait croire que c'est une volonté de la réalisatrice afin de transmettre le sentiment d'être dépassé par une multitude de drames, mais au contraire mis bout à bout, il s'agit là d'erreur de réalisation, scénario, montage, etc. Ce qui est fort dommage vu le sujet au combien sérieux et peu traité au cinéma. Il y a des bonnes idées, mais elles sont noyées dans une volonté de vouloir trop bien faire en ajoutant toujours plus, à tous les niveaux. Malheureusement cela apporte beaucoup trop de confusion.

Les plus
2 scènes cependant m'ont saisie. 1 la scène de l'accouchement. 2 la mère qui demande a déposer son enfant dans un foyer. (La réalisation n'est toujours pas terrible, mais les actrices(eurs) rattrapent tout)

Commentaire personnel
Quitte à vouloir donner un coté reportage dans la réalisation, pourquoi ne pas avoir commencé la première scène avec l'arrivé de la photographe, qui, comme le spectateur, met un pied dans cette violence quotidienne (pas besoin de développer son personnage sinon cela créera une scission entre elle et nous). Son point de vue et le nôtre ne formant qu'un. Son histoire et celle de monsieur Star, on s'en cogne.
Et mettre l'accent sur cette femme, Iris, membre de la brigade, qui, jour après jour perds foi en l'humanité, ce qui la pousse au suicide. Formant donc un autre type de violence inhérent a cette fonction. Cela aurait été pour moi un film mieux structuré. Mais malheureusement (ou heureusement), ce n'est pas mon film.

Conclusion
Le film a du mal à faire transparaître la dualité entre la routine et l'empathie face aux victimes. Je ne comprends pas comment ce film a pu être récompensé. Le sujet est bien certes, mais le sujet ne fait pas tout. Je suis toutefois content de sa popularité et de la volonté de vouloir faire un pas de plus contre ces actes barbares. Et pour ça, je dis bravo !

PS : Je suis certains que Durendal a adoré...