Il y a 1935 ans, le 24 août de l’an 79, le volcan le plus célèbre de toute l’Europe est entré en éruption, en crachant des millions de tonnes de feu, de cendres et de roches en fusion dans la baie de Naples, et ensevelissant au passage les cités romaines de Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies. On estime que la colère du volcan a causé la mort de vingt milles latins dans des souffrances plutôt atroces.

Eh bien, l’exploit dans tout ça, c’est que 19 siècles plus tard et avec un budget de CENT MOTHERFUCKING MILLIONS DE DOLLARS, Paul W. Anderson a réussi à rendre la catastrophe presque comique.

Avant d’aller plus loin, j’aimerais rappeler au lecteur que c’est cet individu qui a commis les films Mortal Kombat, Resident Evil et Les Trois Mousquetaires 3D.

Vous êtes prévenus.

Donc, ce vieux Paulo dispose d’un budget qui frise l’indécence et se dit que bon, vu que sa réputation le précède, on va compenser en attirant le chaland avec un nom connu, je sais pas, n’importe qui, tiens… allez hop, Jon Snow. Après tout, il s’emmerde en attendant le tournage de la 89e saison de Games Of Thrones.

Donc, pour l’occasion, Kit Harington va être le héros, Milo, un marmot d’à peine cinq ans qui vit dans sa tribu de cavaliers celtes sur l’île de Bretagne, ladite tribu se faisant massacrer d’entrée de jeu par une légion romaine menée par le sénateur Corvus. Seul rescapé du carnage, Milo est rattrapé, capturé comme esclave et élevé comme gladiateur, et n’allez pas me dire que ce « scénario » n’est pas original, enfin voyons, on ne va pas faire du mauvais esprit aussi vite.
Jon Snow est donc un gladiateur qui roxxe n’importe quel adversaire les doigts dans le nez, et il est appelé le Celte.

Tiens c’est marrant, ça me rappelle un film avec un gladiateur qui a lui aussi perdu toute sa famille, qui est un excellent combattant et qu’on appelle l’Espagnol. Mais passons.

Jon Snow Le Celte est donc tellement bon qu’il est revendu a un noble romain (à croire que son ancien patron commence à en avoir ras le casque de ses combats qui sont réglés en vingt secondes tellement il est balaise à la bagarre) et emmené à Pompéi. Sur le chemin, il fait la connaissance de Cassia, une romaine bourgeoise dont il soigne un des chevaux, car le Celte vient d’un peuple de cavaliers émérites.
Oui bon, c’est vrai que de cinq à vingt-cinq ans le mec s’est contenté de croupir dans un camp d’esclaves et de se battre dans les arènes mais il faut croire qu’il a dû prendre des cours par correspondance en équitation et en médecine animale. Arrêtez de faire du mauvais esprit, j’ai dit.
Donc, le Celte arrive à Pompéi pour combattre dans le cirque local, devient pote avec Atticus, un sidekick noir qui est là pour remplir les quotas ; qui parle de lui péter la gueule pour gagner sa liberté mais avec qui il sympathise quand même, après tout c’est pas parce que je parle de t’énucléer au gladius que ça m’empêche de démarrer une bromance.

Tiens c’est marrant, ça me rappelle Hagen, le colosse germanique dans le film avec l’Espagnol.

Pendant ce temps, Cassia retrouve ses parents, dont son père, Severus, un nobliau pompéien qui est grave dans la dèche et qui a invité un important sénateur romain aux jeux pour l’amadouer et le faire investir dans les affaires de la ville, et devinez qui c’est-y qui va venir ? CORVUUUUUUUUUS, ben ça par exemple, c’est que le hasard fait bien les choses là dis-donc.

S’ensuivent un long moment de film avec une romance a deux balles entre Milo et Cassia (ils se sont vus cinq minutes sur le bord de la route pendant qu’ils achevaient un bourrin agonisant mais il faut croire que le coup de foudre a été immédiat) ; du bullshit liberté-honneur-vaillance à propos des gladiateurs qui vont se libérer, Corvus qui essaie de pécho Cassia parce que bon, c’est pas tout ça mais il ne vient pas dans ce bled de bouseux pour beurrer les tartines ; et enfin le Vésuve éclate.

Tremblement de terre, feu, flammes, nuages noirs, tout y est, et je dois dire qu’au moins l’éruption est bien rendue. Le cataclysme incendie la ville, obscurcit le ciel, provoque un raz de marée dans le port de Pompéi et interrompt les combats de gladiateurs qui voyaient Atticus et Milo en pleine reconstitution d’une bataille dantesque (le massacre des celtes par Corvus) dans l’arène.

Tiens c’est marrant, ça me rappelle l’Espagnol dans le Colisée, quand il prend part à la reconstitution de la bataille de Zama.

Bon bref, c’est sûrement une coïncidence. Donc l’éruption casse tout partout, provoque l’évasion des esclaves, tue des milliers de citoyens paniqués qui s’enfuient, les parents de Cassia finissent écrasés par une colonne, la ville est ravagée, cling-clang je vais te tuer, tou a touyé toute ma famille, yé vais te clever enculé, et Corvus finit attaché à une chaîne dans les ruines de Pompéi, peu avant d’être englouti par le nuage brûlant qui déferle sur la ville ; et vas-y que je te chevauche vers le soleil couchant avec ma bien-aimée en croupe, mais bon, c’est plus romantique si le couple Jon Snow-Cassia finit aussi enseveli sous les cendres en s’embrassant tendrement, donc on va faire comme ça.

Le seul rescapé du film : le cheval de Jon Snow.

Bon.

En réalité, il n’est pas très difficile de comprendre qu’Anderson a dû voir Gladiator et s’est dit que c’était une vachte bonne idée de le copiter jusqu’à l’os en rajoutant par-dessus une éruption volcanique, seulement voilà : Paul W. Anderson n’est pas Ridley Scott, et Kit Harington n’est pas Russel Cröwe.

TOUT, dans ce film, suinte le défaut d’imagination et le cliché essoré. C’est absolument impossible, quand on a vu Gladiator, de ne pas se rendre compte que le personnage de Milo n’est que la copie guatémaltèque de Maximus, que les situations sont les mêmes, que les personnages secondaires sont les mêmes, que les scènes sont les mêmes.
Ajouté au fait que Kit Harington a le charisme d’une pomme de pin, que pratiquement tous les noms masculins ont des rimes en « usse » ce qui finit par les rendre franchement ridicules, et que le film s’acharne à faire passer les Romains pour des gros connards pédants pendant tout le film et qu’on ne comprend pas pourquoi, ça donne un film pop-corn, le genre qu’on regarde avec un pote pour se marrer, dont on admire les effets spéciaux mais a l’issue duquel on se dit que bon, payer dix euros au cinoche pour voir ça, ça aurait été dix euros de foutus en l’air.


Bref, ce n’est pas tout de vouloir s’essayer au péplum Paulo, il faut aussi avoir ce qu’il faut pour en faire quelque chose de correct.
VlocipdeAquatiq
3
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le 18 sept. 2014

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