Quand le British Museum nous donne une leçon d'histoire...

Pompéi. Qui ne connaît pas cette légendaire cité romaine ? Visiblement peu de monde. J'arrive dans l'une des plus grandes salles d'un cinéma lyonnais. Pas de pop-corn cette fois-ci : c'est un documentaire préparé par le British Museum, alors un peu de sérieux. La salle est non seulement grande, mais loin d'être vide : difficile de trouver une place au centre de cette dernière, bien qu'étant arrivé 20 minutes à l'avance. La population est variée : des personnes âgées, des familles, des étudiants en histoire ou d'archéologie et même, comme moi, des amateurs d'histoire désireux d'avoir un regard neuf sur le sujet. Il n'y a que trois représentations, alors il est compréhensible que dès la première, la foule se déplace pour observer ce documentaire.

Le documentaire commence sur un ton d'un docu-fiction grandiose. J'apporte immédiatement une correction : c'est avant tout une visite guidée du musée et des vestiges romains ramenés de plusieurs musées d'Europe, en compagnie d'experts et d'archéologues présents lors de l'excavation ou lors des analyses, chacun spécialisé dans une branche. Dans la forme, quelques spectateurs furent visiblement déçus, ennuyés, moi le premier. Peut-être pensions-nous en prendre plein les mirettes alors que le but d'un tel documentaire est de se remplir le citron d'abord. Mais malgré cette désillusion, je ne fus pas déçu de m'être déplacé pour connaître l'histoire de Pompéi et de sa petite sœur, Herculanum. La forme reste attractive, les présentateurs et les experts essayant d'apporter sur le ton de l'humour (en anglais sous-titré) une touche de légèreté tout en narrant la vie des citoyens et esclaves, ainsi que leurs dernières heures avant le réveil du Vésuve.

Dans le fond du sujet, le nombre d'informations et de détails est d'une richesse énorme : régime alimentaire des romains, mode de vie, division sociale et professionnelle, la religion, les influences extérieures, le poids de l'esclavagisme (et ses nuances), la vie sexuelle même (centrale dans la vie d'un romain)... Difficile de sortir de la salle sans avoir appris une nouveauté ou même plusieurs sur la vie dans la Rome Antique et comprendre finalement beaucoup de choses de notre propre mode de vie, malgré l'écart de plus de 2000 ans entre la destruction de la cité et la vie d'aujourd'hui. On est même surpris par la richesse des vestiges, très nombreux et pour certains dans un état de conservation surprenante. Je me sens comme Indiana Jones : j'ai toujours envie d'en savoir plus, connaître le moindre détail, les nazis à mes trousses en moins.

D'autre part, il est important bien sûr d'apporter quelques précisions. La première est que le documentaire est parsemé d'images illustrant la vie des romains avant le cataclysme, mais finalement, bien que tous les vestiges soient de Pompéi ou d'Herculanum, les dernières heures de leurs vies restent assez secondaires, ce qui peut susciter une interrogation sur le choix du titre. Le second point est la présence obligatoire car marquante des corps pétrifiés de citoyens (et même d'animaux) n'ayant pu échapper à la coulée pyroclastique. Un moment qui, bien qu'émouvant, met toujours mal à l'aise, avec cette anecdote du berceau d'Herculanum, retrouvé carbonisé, transformé en charbon, avec la découverte de son petit occupant, qui fort heureusement n'a pas été exposé au public.

Le film est donc à prendre avec un certain recul et les âmes impressionnables comme les enfants doivent faire l'objet d'une attention particulière, notamment lors de l'exposition de la vie sexuelle romaine, très représentée par des gravures ou des statues de phallus aux dimensions assez surprenantes ou à l'usage curieux. Anecdote : il s'agit d'un carillon auquel est suspendu des lampes à huiles. Ces dernières sont reliées à un phallus ailé, lui même doté d'une queue en forme de phallus et membré également d'un pénis (je ne vous cache pas que ce fut un grand moment de rire pour moi au regard de ce curieux objet !). Je vais cependant ne pas en dire plus, au risque de briser les autres découvertes du genre, tout autant surprenantes et parfois peut-être malsaines. Soyez donc prudent avec les enfants.

Globalement, aucun ennui, et même du rire ou de la peine en plus de la curiosité. Les britanniques en charge de l'exposition ont réussi ici un travail exceptionnel, regroupant des reliques très souvent fragiles du passé. Quiconque est doté d'un certain intérêt pour la Rome Antique ou pour l'histoire en général est invité à voir ce documentaire surprenant. Petit bémol : la publicité... Et oui, le British Museum profite de ce documentaire pour faire sa communication à la fin, et bien que compréhensible, cela gâche un peu le plaisir des découvertes quelques minutes plus tôt. Mais qu'importe, ce fut intéressant, et je ne regrette pas d'être venu. Peut-être est-ce là un bon moyen d'enseigner l'histoire à des élèves un peu turbulents ?
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le 7 oct. 2013

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Le Chat Noir

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