Se mettre dans la tête d'une enfant de quatre ans qui vient de perdre sa maman : Jaques Doillon s'est lancé un défi à la hauteur de ses ambitions. Et il le relève avec brio, c'est certain !


Je n'ai jamais vu un film aussi touchant sur la petite enfance, vraiment, et sur une sujet aussi grave.


Jacques Doillon, dans une interview à propos de ce film, a déclaré qu'il avait beaucoup discuté de la mort avec des enfants de maternelle. Il a observé la chose suivante : à cinq ou six ans, les enfants acceptent relativement la disparition, l'idée de ne plus jamais revoir l'être aimé. Mais à quatre ans, il en va tout autrement ; les enfants résistent à cette idée, telle Ponette qui va se battre jusqu'au bout pour réfuter cette idée de ne jamais plus revoir sa mère.
Doillon a gardé cette idée de film dans sa tête, et un jour il s'est dit, c'est le moment. Un long casting minutieux réalisé par quatre femmes (dont sa fille, Lola) a permis de découvrir les jeunes acteurs de ce film, notamment celle qui joue l'héroïne, Victoire Thivisol.


Cette petite a une qualité d'interprétation très étonnante pour son âge. On se demande comment Doillon a réussi à la faire s'exprimer avec autant de justesse, pleurer, jouer, prier, discuter avec sa mère, son cousin, sa cousine.
D'ailleurs, quand Victoire Thivisol a reçu la Coupe Volpi, lors de la Mostra de Venise, cela a déclenché la polémique. Comment donner ce prix à une actrice si jeune. Mon avis est que Victoire Thivisol l'a parfaitement mérité et qu'il n'y pas d'âge pour être une excellente actrice : la preuve !


J'ai aimé toute la réflexion de la fillette autour de la mort : où va l'être cher ? peut-on encore discuter avec lui ? Va t 'il nous répondre ? Quand ? Comment savoir s'il va nous répondre ? Faut-il être un "enfant de Dieu" pour y avoir accès ?
Les dialogues que peut avoir Ponette avec son cousin, Mathias, sa cousine Céline ou la petite copine juive, sont à ce titre truculents. Au milieu des séquences de jeux, se posent les questions existentielles de la vie, de l’existence, de la mort.


Pour avoir travaillé un temps, avec de jeunes enfants de cet âge, confrontés à des situations très difficiles (en attente de placement dans un foyer ou une famille d’accueil, après avoir été maltraités par leur famille), je peux témoigner du fait que les enfants sont capables de se poser des questions de ce genre, à cet âge, surtout quand ils sont confrontés à des événements difficiles. Doillon ne fait donc pas ici de l'artifice, comme on pourrait le croire, ou comme il en a été accusé.


Je me dois de préciser à eux qui lisent cette modeste critique, que le cinéaste s'est entouré pendant tout le tournage, d'une psychanalyste qui a déclaré, face aux questions qui se sont immédiatement posées, qu'elle avait la conviction que les enfants acteurs allaient mieux, après le film qu'avant, car ils semblaient apaisés, les adultes ayant sans doute répondu à nombre de leurs interrogations sur le sujet sensible et angoissant par excellence qu'est la mort.

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le 9 avr. 2016

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