Le titre du film ne laisse aucun doute, c'est bien d' Eveil qu'il va s'agir dans ce beau film d'un universitaire coréen qui passa près de dix ans le réaliser quasiment tout seul. il s'agit bien entendu d'une oeuvre lente et contemplative, dont les deux-heures vingt regorgent d'images de nature, de sources, de cieux sereins ou non au-dessus des montagnes de Corée. Mais à la différence de toute cette imagerie zen qui orne ces temps-ci les photos pour chiottes et salons dans nos Ikea et Bricorama, les images de film portent réellement en elles la grâce de leur nature.


Et non, pas de kungfu donc dans ce film (Bhodi Dharma est crédité d'avoir répandu le bouddhisme zen en chine mais aussi d'avoir créé l'école shaolin de cet art), ne vous y trompez pas, mais beaucoup de contemplation, et quelques koans zen sur le monde et son inévitable mutabilité. Yong-Kyun Bae nous propose ici de suivre le quotidien d'un monastère perdu dans les montagnes, plus précisément la vie de trois de ses habitants : un enfant qui s’initie aux premières révélations de la vie (pas toujours plaisantes, une scène de quasi noyade par d'autres enfants est assez choquante... ), un homme jeune qui a laissé sa femme et sa mère dans "le Monde" pour chercher sa vérité dans la montagne (non sans remords), et un vieil homme, le vieux sage zen qui dispense à ses deux disciples des bribes de son savoir et qui se prépare à la mort (ne pas oublier le kérosène, dit-il).


Le film contient peu d'événements, mais le peu qui se passe suffit à vous interpeller, que ce soit un oiseau qui s'attache au petit meurtrier de son compagnon, une visite difficile à sa famille du jeune moine, une cérémonie de la crémation. Je suis sans doute sensible à cette philosophie, mais le fait est que l'on se laisse très bien porter par la minutie de ce film. La morale zen ( cette recherche du détachement de soi, d'acceptation du monde, d'accueil du changement et même du néant) est distillée avec fermeté, mais sans emphase. Les quelques phrases du Maître sont d'une rassurante banalité. Et bien sûr la difficulté de la démarche est bien exemplifiée par le retour du jeune homme vers le Monde, à l'instar du Bodhi Dharma originel.


Un beau film, naturellement méditatif, qui exprime la difficulté et les mérites d'une quête spirituelle qui vous arrache au monde en même temps qu'elle vous y attache. Un moment de paix et de réflexion et de réalité, que je vous recommande, mais qui, par son minimalisme , exige sans doute qu"on soit déjà un peu ouvert à ce genre de pensée...

nostromo
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le 27 mars 2016

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